Séville (© 2025 Afriquinfos)- Ouverte le 30 juin dernier à Séville dans le sud de l’Espagne, la quatrième Conférence de l’ONU sur le financement du développement (FfD4), s’est conclue ce 3 juillet 2025. La rencontre a pris fin avec un sentiment renouvelé de détermination. Et avec un accent mis sur des actions qui peuvent changer des vies dans le monde entier et en Afrique en particulier.
Face à la crise de la dette, l’Italie a annoncé, au terme de la rencontre, convertir 230 millions d’euros de dette africaine en investissements de développement.
La conférence de Séville a apporté une réponse forte : un document final unificateur axé sur des solutions qui réaffirme les engagements pris à Addis-Abeba il y a dix ans, qui vise à « raviver l’espoir » grâce aux Objectifs de développement durable (ODD) et démontre que la coopération multilatérale est toujours importante et efficace. Ce texte met un accent particulier sur l’élargissement de l’espace budgétaire, l’augmentation des recettes fiscales, la soutenabilité de la dette publique ainsi que sur une coopération internationale renforcée. Des axes qui répondent aux besoins pressants des pays du Sud, souvent confrontés à une dette lourde qui limite leur capacité à financer les services publics essentiels.
L’Agenda 2030 – cette promesse collective d’un monde plus équitable, adoptée en 2015 – est en « grand danger », a alerté Antonio Guterres, Secrétaire Général des Nations Unies. Près des deux tiers des cibles fixées par les objectifs de développement durable accusent aujourd’hui un retard inquiétant.
Pour le Secrétaire général, il est urgent de ‘’réparer et relancer le moteur du développement’’, en mobilisant des investissements à l’échelle et à la vitesse exigées par l’époque. Un document adopté lundi à la rencontre, intitulé Engagement de Séville, doit permettre d’orienter les flux financiers vers les pays les plus vulnérables.
Une plus grande participation des pays en développement aux décisions financières mondiales
La représentation équitable des pays en développement dans les institutions financières internationales a été promue par M. Seedy Keita, Ministre des finances et des affaires économiques de la Gambie. « Le consensus de Washington ne suffit plus. » Le Ministre a plaidé pour que nous ayons un filet de sécurité face aux catastrophes climatiques, avant d’appeler à soutenir l’élaboration d’un nouveau manuel sur l’octroi des DTS pour qu’ils répondent aux besoins des pays en développement. Il faut également une réforme des agences de notation, a-t-il ajouté.
Le Ministre des finances, du développement économique et de la promotion des investissements du Zimbabwe, M. Mthuli Ncube, a souligné le rôle des gouvernements à cet égard. Ils doivent notamment mieux réguler les marchés publics, numériser les paiements des impôts et taxes, mieux inclure le secteur informel, imposer de nouvelles taxes sur la «malbouffe», le tabac et l’alcool. Le Ministre a aussi suggéré d’augmenter les investissements dans les infrastructures et dans l’agriculture, ainsi que dans l’assurance climatique. Lancer un fonds pour l’énergie renouvelable est également une bonne idée, a-t-il ajouté.
M. Facinet Sylla, Ministre du budget de la Guinée, a insisté sur la réforme du FMI, parce que ‘’demander un crédit au FMI, c’est comme demander un engin Caterpillar et recevoir une Ferrari’’, a-t-il ironisé pour illustrer le côté inadapté de ce soutien. De plus, il a jugé les DTS ‘’antidémocratiques’’ parce qu’ils court-circuitent les parlements. Au niveau des ressources nationales, il a indiqué que 20 milliards de dollars sont mobilisés grâce à des projets miniers transparents.
M. Hervé Ndoba, Ministre des finances et du budget de la République centrafricaine, a dit pour sa part que son pays se focalise sur le renforcement de la soutenabilité de la dette, la restructuration de la dette extérieure, l’amélioration du climat des affaires et l’augmentation des recettes fiscales. Il a plaidé pour que soit pris en compte l’indice de vulnérabilité multidimensionnelle et pour que soit garantie la viabilité de la dette. Il a aussi misé sur le financement vert à moindre coût.
À ce sujet, il a rappelé que son pays est le deuxième au monde en matière de capture de carbone. À son avis, l’Afrique doit parler d’une seule voix face aux institutions financières internationales.
Dénonçant elle aussi la marginalisation des pays du Sud dans l’architecture financière internationale, l’Alliance pour l’égalité et la solidarité du Nigéria a évoqué des asymétries. « Certains pays dépensent 5 dollars pour l’encours de la dette et les services contre 1 dollar pour la santé. » Il faut donc faire le choix de la justice pour les populations et la planète, a prié l’Alliance. Cette conférence, à son avis, doit lancer un examen approfondi des structures de gouvernance de l’architecture financière internationale. Et l’Assemblée générale doit réaffirme son rôle dans la gouvernance économique mondiale, a conclu l’Alliance, sous les applaudissements de la salle.
Les Conférence de l’ONU sur le financement du développement (FfD4) constituent le principal cadre onusien pour définir les grandes orientations mondiales du financement du développement. Elles réunissent chefs d’État, représentants d’institutions financières (FMI, Banque mondiale), d’organisations internationales et acteurs de la société civile.
Vignikpo Akpéné