Les méfaits écologiques du cannabis au Maroc

Afriquinfos Editeur
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Au Maroc, la production du cannabis, localement appelé kif, a toujours eu une grande importance, principalement dans le Rif. Sa croissance exponentielle au cours des dernières décennies a fait que le Royaume en est devenu le premier producteur mondial, selon les données de l’ONU. Cette culture a de nombreux effets négatifs sur l’environnement.

Depuis six siècles, la région du Rif vit du cannabis. La culture du kif n’a été interdite que trois ans dans l’histoire de la région : pendant la République du Rif, de 1923 à 1926, car  Abdelkrim El Khattabi, le dirigeant, estimait sa culture contraire à l’islam. En 1956, la législation établit que cette culture n’est autorisée que dans cinq villages mais, dans les faits, elle s’étend bien au-delà, recouvrant toute la région du Rif. De la sorte, en 2001, le Maroc est devenu le premier producteur mondial de cannabis.

La production du kif a de nombreuses conséquences et, en premier lieu, elles sont écologiques. Mohamed Andalusi, directeur de l’association AZIR pour la protection de l’environnement ne cesse de réclamer des mesures concrètes face au désastre environnemental du kif. Il explique que cette culture a entrainé la destruction des forets tout en faisant perdre aux sols leur richesse et en remplissant les nappes phréatiques de fertilisants. Aujourd’hui, le Maroc compte 47.000 hectares de culture du kif, un chiffre qui a fortement baissé depuis 2003 (135.000) mais qui n’en reste pas moins lourd de conséquences.

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La détérioration environnementale liée au kif a commencé dans les années 80, avec l’expansion de sa superficie de culture. Depuis, cette plante est devenue une monoculture dans la région. Ceci est dû au fait qu’elle apporte plus de rendement aux agriculteurs, qui refusent donc de revenir vers d’autres cultures traditionnelles, comme les pommes de terre ou les tomates. Pourtant, les producteurs marocains de cannabis sont loin d’être riches. Beaucoup gagnent à peine plus que le salaire minimal, fixé à 2.500€ annuels. Alors que les mafias empochent 14 milliards de dollars par an, les paysans n’en touchent que 214 millions.

La recherche infinie d’expansion et de nouvelles terres de culture a entrainé la destruction de nombreuses forets. Mohamed Andalusi en explique les conséquences. Cinq ans après la destruction d’une forêt,  la couche de terrain fertile disparait laissant apparaitre la roche mère ce qui a fait que le Rif détient le record mondial d’érosion et perd d’énormes superficies de terrain fertile. En parallèle, certaines zones de cultures ne possèdent pas les capacités pour arroser un si grand nombre de champs. En conséquence, de nombreuses nappes phréatiques ont été épuisées.

Enfin, la région est devenue entièrement dépendante de l’extérieur. Elle n’est plus capable de produire sa propre alimentation, pour les raisons que l’on a évoquées précédemment. En outre, beaucoup de jeunes ne savent plus cultiver les produits traditionnels, n’ayant toujours connu que le kif.

Malgré différentes tentatives, les autorités n’ont pas encore trouvé de solution à ce problème. Certains disent que c’est lié au fait qu’ils ne s’attaquent pas à son origine,  mais à ses répercussions les plus visibles. Ainsi, régulièrement, un paysan est arrêté, ou une culture brûlée, mais aucune mesure n’est prise pour agir à échelle globale.

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