A Marrakech les calèches sont en danger

Afriquinfos Editeur
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Les calèches aux couleurs vert olive n’ont pas toujours existé à Marrakech, et leurs destins se sont liés très tardivement. Pourtant, aujourd’hui elles sont sans conteste un des symboles de la Cité ocre et de ses attraits touristiques. Elles font partie du patrimoine immatériel de la ville, tant par leur richesse historique, que par leurs apports au tourisme actuel. Néanmoins, leur avenir est à nouveau menacé.

Apparues au XIXème siècle, sous l’influence des communautés étrangères et principalement des anglais, pour qui la calèche était devenue un moyen de transport, elles étaient d’abord des symboles de prestige social. Réservées aux étrangers et aux notables et représentants de l’autorité, les calèches étaient plus qu’un simple moyen de transport. Avec le temps, elles ont évolué, s’adaptant à la taille des rues marocaines, plus étroites qu’en Europe, et touchant des franges toujours plus larges de la société. En atteignant les couches populaires, elles sont devenues des outils de travail, permettant notamment le transport des marchandises vers les souks.

Avec l’apparition des voitures, les calèches ont disparu du Royaume… sauf à Marrakech, où elles ont su subsister en s’imposant dans le secteur du tourisme, au point de devenir un symbole de la Cité ocre, et un passage obligatoire pour les milliers de touristes qu’elle accueille chaque année.

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On pourrait penser que leur implantation est telle qu’elles sont à l’abri de tous les dangers. Seulement, ce serait sans compter sur l’importance de la concurrence qu’elles subissent de nos jours. La plus inquiétante vient des bus touristiques à deux étages (dont le deuxième est panoramique), qui proposent des tours de la ville, avec une vingtaine d’arrêt auprès de monuments et lieux emblématiques et, des écoutes explicatives dans plusieurs langues. Les prix de ces bus sont tels qu’il est difficile voire impossible de rivaliser avec : ils accaparent à eux seuls 60% du marché des balades touristiques à Marrakech.

Les cochers ont donc décidé de se défendre, afin de permettre la survie d’un des symboles de la Cité ocre. Ils réclament des aides, afin de préserver les calèches, et un accès à la couverture sociale. Des mesures ont été prises pour sauvegarder les calèches vert olive, mais elles ne répondent pas entièrement aux revendications des cochers.  L’idée est de soumettre les calèches à un contrôle quotidien, attribuant un permis de confiance au conducteur et vérifiant l’état des cheveux et du véhicule. Pour ce faire, chacune sera dotée d’une puce électronique.

Des évènements sont régulièrement organisés pour mettre en valeur la calèche. La société de protection des animaux et de la nature (SPANA) organise ainsi des concours récompensant les plus beaux attelages. Toutefois, ceci ne permet pas de rappeler aux touristes que le cocher maitrise toujours au moins deux langues étrangères, le Code de la Route, et a un sens relationnel beaucoup plus importants que les audio-guides des bus touristiques.

En attendant des mesures concrètes pour préserver leurs calèches, les cochers essaient donc, tant bien que mal, de s’adapter aux évolutions du secteur du tourisme.

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