Maroc/Les enjeux financiers liés au changement climatique au cœur dune rencontre des experts africains

Afriquinfos Editeur
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Organisée  par la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique, cette conférence a choisi pour thème cette année "l'autosuffisance alimentaire, l'accès aux connaissances climatiques au service de l'action".

L'existence du changement climatique d'origine humaine est reconnue par la CCNUCC. Cet organe de l'ONU impose aux pays industrialisés la responsabilité de la lutte contre ce phénomène. Il se base sur le Protocole de Kyoto. Signé en 1997 au Japon, il demande aux pays les plus industrialisés  de s'engager à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

Trente-six pays développés et économies en transition devaient s'engager à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 5,2 % entre 2008 et 2012. Ils se sont finalement réengagés pour une deuxième période de 2013 à 2020. Au mois de décembre 2015, un accord contraignant et équitable sur la limitation du réchauffement climatique à 2 °C d'ici 2020 devrait être signé par l'ensemble des États développés et en développement.

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Les Africains dans le tumulte général

"Ce n'est pas notre faute, la responsabilité historique du changement climatique, et nous devons sans cesse le rappeler", souligne Tosi Mpanu Mpanu, du ministère de l'Environnement de la République démocratique du Congo (RDC), représentant du Groupe des négociateurs africains.

Le Fonds vert pour le climat (FVC), présenté durant les négociations à Copenhague en 2009, est destiné aux pays en développement autour d'un montant de 100 000 dollars par an d'ici 2020. Un premier versement "précoce" de 30 000 milliards de dollars devait être effectué entre 2010 et 2012, mais il n'en a rien été.

 "Il n'y a pas d'argent. Le seul financement que les concernés  ont reçu a servi aux affaires administratives et à la mise en place du siège en Corée du Sud", explique Charles Mulenga, directeur exécutif du Centre zambien du dialogue sur l'environnement et le changement climatique.

D'après le rapport conjoint OCDE/CEA "Examen mutuel de l'efficacité de développement de l'Afrique 2014", 80 % du financement du FVC était comptabilisé au titre de l'aide publique au développement avec la moitié en forme de prêts, de garanties et de modalités d'assurance, dont des crédits à l'exportation. Selon M. Mulenga, la Zambie n'a reçu que 5 à 20 % de la collecte de fonds et ce serait le cas de tous les pays d'Afrique. Il y a donc un souci de "transparence, de corruption et de responsabilité". Officieusement, 54 millions de dollars par an auraient été mobilisés, mais l'argent aurait disparu. L'expert zambien en "appelle à la responsabilité des autorités et propose l’ouverture d’une enquête civile.

Les accords de Marrakech largement consacrés aux pays du Sud  ont mis à disposition des outils de financement encadrés par le FEM (Fonds pour l'environnement mondial).

Trois fonds ont alors été créés : le Fonds spécial pour le changement climatique, le Fonds pour les pays les moins avancés (PMA) et le Fonds d'adaptation sous le Protocole de Kyoto. Plusieurs autres mécanismes de financement de l'ONU, tels que le Mécanisme de développement propre (MDP) sont aussi mis à disposition pour les pays du Sud.

La Banque africaine de développement (BAD) a annoncé le lancement du Fonds Spécial pour la lutte contre le changement climatique, le fonds Clim-Dév. Longtemps attendu, ce fonds créé par la CEA, l'Union africaine et la BAD, d'un montant de 33 millions d'euros, servira à financer des projets d'adaptation et d'atténuation.

 D'après le GIEC, le continent africain subit les aléas du climat : cyclones, inondation, sécheresse, vague de chaleur, insécurité alimentaire. "70 % de la population africaine vit de l'agriculture. Mais 65 % des terres arables du continent sont dégradées par la déforestation entraînant sécheresse et diminution des rivières."

P. Amah