L’îlot Leila ou Persil (Perejil) a toujours été source de conflit entre l’Espagne et le Maroc. Situé à 200 mètres des côtes marocaines et à 6 km de Ceuta, il s’agit d’une terre espagnole de 15 m2, au milieu d’eaux marocaines.
En 2002, douze gendarmes marocains avaient envahi l’îlot, signe d’une revendication de souveraineté marocaine. Une semaine plus tard, ils étaient délogés par les troupes espagnoles qui reprenaient le contrôle de ce micro-territoire. La crise s’était résolue avec la signature d’un accord prévoyant le retrait et l’absence de tout représentant de l’Etat sur le territoire (fonctionnaires et forces de l’ordre) et de tout signe de souveraineté (drapeau, panneau, etc). En revanche, aucune décision n’était prise sur le nom de l’autorité chargée de récupérer les migrants arrivant sur cet îlot.
Le conflit territorial n’avait pas ressurgi depuis cette date, mais c’est au cœur d’un scandale qu’il revient, aujourd’hui, sur le devant de la scène. En effet, mardi, treize migrants originaires de la Gambie (2), de la République Centrafricaine (7) et du Tchad (4) dont deux mineurs sont arrivés sur l’îlot de Leila. Ce sont les autorités marocaines qui ont découvert leur présence, et qui sont allées les récupérer. La garde civile espagnole, qui avait un hélicoptère et un bateau prêts à intervenir n’a jamais donné l’ordre d’agir. Cette situation est à l’origine d’un véritable scandale dans la péninsule ibérique. Témoignages des migrants à l’appui, les espagnols s’indignent devant les traitements qu’ils ont subis : ils ont tous déclaré avoir été maltraités par les forces de l’ordre marocaines, et battus.
En outre, et c’est ici que le contentieux territorial ressurgi, différentes ONG et associations espagnoles ont dénoncé une violation du territoire hispanique par le Maroc. Le Barreau espagnol a dénoncé cette situation, accusant le ministère de l’Intérieur d’avoir soutenu une infraction visant à affaiblir la loi en laissant le Maroc intervenir. Il l’accuse aussi de ne pas avoir respecté les droits de ces personnes qui, se trouvant sur le territoire espagnol auraient dû être soumise à la procédure espagnole de rapatriement et bénéficier de la possibilité de faire une demande d’asile, notamment les mineurs, originaires d’une zone de conflit. En conséquence, le collège des avocats a demandé à ce qu’une enquête soit menée afin de comprendre les évènements et la non-intervention de la garde civile espagnole.