L’Association Marocaine de Lutte contre l’Avortement Clandestin (AMLAC) s’affole face à l’augmentation des médecins pratiquant illégalement l’avortement condamnés. Ils sont de plus en plus nombreux à être sanctionnés et les sanctions sont lourdes.
Cinq médecins condamnés en cinq mois
Ces cinq derniers mois cinq spécialistes et leurs équipes respectives ont été condamnés par les tribunaux marocains. La dernière condamnation remonte à il y a un mois, un médecin de Meknès a été condamné à 10 ans de prison ferme, à 90 000 euros d’amende et une interdiction totale d’exercer la profession, explique Chafik Chraibi le président de l’AMLAC.
Ce dernier soupçonne un durcissement de la loi, ce qui expliquerait ces condamnations récentes,et dénonce les effets pervers qu’il pourrait avoir : « Tout le monde a peur, nous revenons en arrière et c’est le moment de se mobiliser (…) et pratiquer l’avortement dans de bonnes conditions pour éviter que des femmes et des enfants décèdent. »
Si le nombre d’avortements illégaux augmente c’est parce que notamment les cas de malformations, de viols et d’inceste ne sont pas compris dans l’article 453 du Code pénal pour autoriser l’avortement. L’avortement n’est en fait autorisé qu’en cas d’état de santé inquiétant pour la mère.
Non seulement ces femmes vivent mal leur grossesse mais en plus les mères célibataires sont mal perçues par la société, elles portent donc un lourd fardeau qui les conduisent à des gestes désespérés.
Abandons, infanticides et avortements illégaux
Comme il n’est pas possible pour ces femmes dont la grossesse est indésirée d’avorter, elles abandonnent leur enfant ou les tuent : 24 enfants sont abandonnés tous les jours selon l’INSAF, 4 bébés ont été dernièrement retrouvés dans les poubelles de Casablanca.
Ces femmes qui pratiquent l’infanticide sont tout autant condamnées que les médecins : « Une femme célibataire est venue en consultation avec une forte hémorragie après avoir tué son nouveau-né (…) elle se trouve actuellement en détention avec sa sœur », explique Chafik Chraibi tout en soulignant que le phénomène devrait augmenter avec la condamnation stricte des médecins pratiquant l’avortement clandestin.
Le phénomène va en grandissant : 900 avortements par jour recensés pour 2012 au Maroc, dont 500 à 600 effectués avec l’aide de médecins, et 150 à 200 dans des conditions sanitaires catastrophiques, à la maison avec des infirmières ou des herboristes, sachant que les médecins gynécologues peuvent demander de 135 à 9 000 euros (soit 1 500 à 10 000 dirhams).
Les associations tirent la sonnette d’alarme, un referendum a été envisagé mais les spécialistes estiment que ce n’est pas une question de société qui se règlera avec un referendum mais qu’il faudrait quand même assouplir la loi.
Afriquinfos