Le Maroc a enfin frappé. Après une semaine durant laquelle chaque pays au monde y est allé de son opinion sur la situation dramatique en Syrie, le Royaume brillait toujours par son silence. Mais il a fini par prendre lui aussi position. Et pas n’importe quelle position : il se montre clairement favorable à l’intervention militaire contre le régime de Bachar al-Assad.
Le communiqué est on ne peut plus clair sur la posture du Maroc quant à la Syrie : le pays condamne « le massacre ignoble commis pas la région syrienne de Ghouta » et « prend pour responsable le régime syrien des événements et des conséquences » relatifs au scandale des armes chimiques.
Enfin, Rabat « appelle la communauté internationale à œuvrer pour trouver une solution à même de sauver le peuple syrien et lui fournir des aides urgentes ». Autrement dit, le Maroc suggère à l’ONU de passer à l’action. Un avis qui se rapproche des positions américaine, britannique, française et saoudienne.
Haine de génération en génération
Il faut dire que le Maroc et la Syrie n’ont jamais été amis, bien au contraire. Premier point de conflit, le fait que la Syrie ait toujours reconnu officiellement le Polisario, et ce depuis l’éclatement du conflit au Sahara occidental. Hafez el-Assad, qui est resté au pouvoir de 1970 à 2000, a toujours accueilli les représentants et amis de Mohamed Abdelaziz à Damas. En 1987, c’est Abdelaziz lui-même qui fait le voyage, à titre officiel.
Une pilule diplomatique que le Maroc a bien du mal à avaler. Malgré cela, l’arrivée au pouvoir de Bachar el-Assad en 2000 aurait pu laisser espérer une éclaircie dans les relations plus que tendues entre les deux pays. Mohammed VI l’accueille même en visite officielle du 9 au 11 avril 2001, et se rend à Damas en avril 2005.
Mais ce simulacre de détente est de courte durée : dès le début de la guerre civile en Syrie, le Maroc se range sans hésitation du côté du peuple, prenant même la tête du groupe des « Amis du peuple syrien ». Depuis lors, il n’aura de cesse de multiplier les manifestations de soutien au peuple et de dénonciation du gouvernement.
Maroc et Syrie sont donc redevenus pires ennemis. L’appel à l’intervention militaire ne fait que rendre ce fait plus officiel encore.