Rabat (© 2021 Afriquinfos) – L’homme d’affaires marocain Aziz Akhannouch a été nommé vendredi 10 septembre, chef de Gouvernement et chargé de former le nouvel exécutif par le roi Mohammed VI, après la victoire de son parti libéral, le RNI (Rassemblement national des indépendants). C’était lors des dernières élections législatives au détriment des islamistes au pouvoir depuis 10 ans.
Le grand vainqueur des élections générales du 8 septembre au Maroc, Aziz Akhannouch, vient d’un seul coup avec son parti libéral, le RNI, de déloger les islamistes au pouvoir depuis dix ans et de remporter un grand chelem électoral. Il a remporté 102 des 395 sièges de la Chambre des représentants.
Richissime homme d’affaires réputé proche du Palais, Aziz Akhannouch a donc logiquement été désigné nouveau chef de Gouvernement. Au Maroc, depuis la promulgation de la Constitution de 2011, c’est le souverain qui nomme le Premier ministre, issu du parti arrivé en tête du scrutin législatif.
Le patron du parti de la colombe (l’emblème de son parti), âgé de 60 ans, est apparu sourire aux lèvres, au lendemain du triomphe de sa formation qui a raflé 102 des 395 sièges de la Chambre des représentants, «une victoire de la démocratie», selon lui. «Le fil conducteur du projet du RNI est de proposer aux Marocains l’alternative à laquelle ils aspirent», a-t-il promis après sa victoire.
Son parti a pris part à toutes les coalitions gouvernementales depuis 23 ans, sauf pendant une brève période entre 2012 et 2013. «Le principal engagement du parti est de travailler sérieusement tant que nous jouissons de la confiance des citoyennes et des citoyens, en vue d’améliorer leur quotidien, de réaliser leurs aspirations et de regagner la confiance en leurs représentants», a ajouté M. Akhannouch.
Désormais chef du gouvernement marocain, le plus dur commence véritablement pour Aziz Akhannouch. «Nous allons commencer dès maintenant les tractations avec les partis […] Le plus important est d’avoir une majorité cohérente et soudée», s’est-il défendu après sa nomination.
Une carrière politique qui remonte à 2007
Aziz Akhannouch qui pèserait deux milliards de dollars selon le magazine ‘Forbes’, a fait son baptême politique en 2007 après avoir été nommé ministre de l’Agriculture, sous les couleurs du RNI, qui fait partie de la coalition gouvernementale. Un parti connu pour rallier des technocrates ensuite nommés à des postes ministériels, comme ce fut le cas pour le nouveau Chef de gouvernement.
Discret et peu disert dans les médias, il conserve son poste de ministre de l’Agriculture même quand son parti quitte la coalition gouvernementale entre 2012 et 2013, après la victoire historique des islamistes en 2011, dans le sillage du Printemps arabe. Aziz Akhannouch a gardé ce portefeuille stratégique de l’économie marocaine jusqu’à ce jour.
En avril 2018, le milliardaire est éclaboussé par une vive polémique. Une mystérieuse campagne de boycott visant trois marques célèbres, dont les stations-service Afriquia qu’il contrôle, apparait sur les réseaux sociaux pour dénoncer la cherté de la vie. À la tête de la tentaculaire holding Akwa Group, opérant dans les hydrocarbures et l’immobilier, Aziz Akhannouch est particulièrement visé comme symbole de la collusion entre affaires et politique.
Quelques semaines plus tard, il se retrouve à nouveau dans la tourmente lorsqu’un rapport parlementaire critique les marges excessives des distributeurs de carburants depuis la libéralisation des prix en 2015, à commencer par son groupe Afriquia. Le Conseil marocain de la concurrence se saisit de l’affaire et conclut en juillet 2020 à une entente entre géants pétroliers. Il inflige des sanctions frappant 9 % du chiffre d’affaires des trois leaders du marché : Afriquia, le français Total et l’anglo-néerlandais Shell. Accusé d’irrégularités dans la procédure, le président du Conseil, Driss Guerraoui, sera ensuite limogé par le roi.
En 2019, l’ex ministre de l’Agriculture, fin stratège, a fait campagne avant l’heure avec une grande tournée dans tout le Maroc, baptisée «100 Villes, 100 Jours». Le RNI a été accusé par ses adversaires d’«inonder la scène politique avec de l’argent» lors des dernières élections générales. Des accusations «rejetées catégoriquement» par le parti incriminé. Dans ce royaume de 36 millions d’habitants, une nouvelle Constitution, adoptée en 2011, accorde de larges prérogatives au Parlement et au gouvernement, mais les grandes orientations des secteurs stratégiques relèvent du Roi.
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