Malgré le narratif anti-France, les échanges français avec l’Afrique en augmentation à fin 2022

Afriquinfos Editeur
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Montpellier (© 2023 Afriquinfos)- Malgré un contexte politique compliqué, les échanges économiques et commerciaux entre la France et l’Afrique se poursuivent et se multiplient. C’est ce qu’ont révélé des  patrons et hommes politiques français et africains présents au ‘Sommet ‘Ambition Africa’ qui s’est tenu ce mois d’octobre 2023 à Montpellier.

Les exportations françaises restent élevées sur le continent malgré le sentiment anti-français sur le continent. Les chiffres des échanges entre la France et l’Afrique sont réjouissants. Les investissements directs français à l’étranger ont doublé en 15 ans en Afrique, atteignant jusqu’à 54 milliards d’euros en 2022.

‘’Les entreprises françaises restent sur la destination Afrique. Une envie de France, une envie d’Afrique sur un dialogue qui doit peut être revue, une approche qui doit être différenciée, mais c’est très encourageant pour la suite de nos relations’’, a souligné Marc Cagnard, directeur du pôle Afrique sub-saharienne de Business France. Et de poursuivre:  »Les exportations françaises ont cru de manière très forte en 2022, on parle de plus de  20%. C’est considérable, vu le contexte. Ce qui prouve qu’il y’a une volonté de travailler ensemble. On ressent une proximité linguistique, géographique, culturelle, historique qui joue pour la France ».

Actuellement, 4.000 entreprises françaises sont implantées en Afrique et emploient près de 500.000 personnes, alors que la situation politique dans la région du Sahel s’est détériorée, notamment en raison du sentiment anti-français croissant. Même si l’exécutif français reconnaît les difficultés, il estime qu’elles ne sont que temporaires et qu’aucune conclusion définitive ne doit être tirée. Cependant, le seul projet français bloqué par le pouvoir politique au Sahel serait la construction de l’aéroport de Ouagadougou.

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Le Maroc est également confronté à des complications qui rendent difficile l’activité des entreprises françaises dans ce pays. Les relations tendues entre les exécutifs des deux pays sont à l’origine de ce problème, comme l’a confié un membre de l’exécutif français. Marc Cagnard, directeur du pôle Afrique sub-saharienne de Business France a ainsi indiqué qu’«il y a toujours une vraie envie d’Afrique, une volonté de développer des partenariats sur le continent, de la part des entreprises françaises».

Il faut aussi savoir que les investissements africains en France représentent 4% du total des investissements étrangers. Ce chiffre, bien que modeste, est en croissance. Marc Cagnard a également expliqué que malgré la concurrence turque, chinoise et indienne qui essaie de se frayer un chemin en Afrique, la France détient une proximité culturelle, géographique et linguistique qui joue en sa faveur auprès des pays africains.

Le même intervenant a indiqué que la situation politique interne ne devrait pas forcément empêcher les investisseurs africains à venir en France, et que pour le moment, elle reste la première destination des investissements africains vers l’étranger.

La cinquième édition du Sommet ‘Ambition Africa’ a pris fin le 18 octobre à Paris et son maître-mot était de favoriser les échanges commerciaux et économiques entre la France et l’Afrique, étant déjà nombreux et diversifiés. L’événement n’avait jamais rassemblé autant d’acteurs économiques et politiques issus des deux continents. Une délégation importante de pas moins de 43 pays a fait acte de présence.

En plus de s’adresser aux entrepreneurs, ‘Choose Africa 2’ veut élargir et diversifier son offre, ainsi que les catégories de bénéficiaires, en proposant des partenariats de politique publique pour accompagner les États volontaires à développer des dispositifs publics d’appui à l’entrepreneuriat. Dans un premier temps, quatre pays – le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Togo – pourront bénéficier d’un appui financier et technique sous la forme de subventions, de prêts souverains ou de mobilisation d’institutions comme la Banque publique d’investissement, la Commission européenne et la Banque africaine de développement.

Les États concernés pourront ainsi être accompagnés dans la mise en œuvre rapide de leurs stratégies de soutien à l’entrepreneuriat, notamment des jeunes et des femmes. Le groupe AFD et Bpifrance conjugueront leurs expertises en matière d’accompagnement et de financement pour soutenir la création ou renforcer des banques publiques d’entrepreneurs. «À titre d’exemple, l’AFD mobilisera environ 200 millions d’euros dès 2024 pour accompagner les quatre pays cités plus haut», détaille Papa Amadou Sarr (responsable de la direction exécutive Mobilisation, Partenariats et Communication à l’AFD).

Toutefois la France reconnait n’être plus la seule à s’étendre sur le continent.  »Les entreprises françaises doivent faire leur preuve », a précisé M. Cagnard. En effet, la Chine est le premier partenaire commercial de l’Afrique, avec un volume d’échanges qui atteignait 208,7 milliards de dollars en 2019 ; elle est la principale détentrice (un tiers) de la dette extérieure africaine estimée à 365 milliards de dollars. Outre la Chine, l’influence Russe s’étend également sur le continent.

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