Madagascar : L’avenir des enfants malgaches est en jeu

Afriquinfos Editeur
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« Il ne faut pas prendre en otage nos enfants car leur avenir est actuellement entre les mains des enseignants en grève », se clament les parents d'élèves des institutions publiques. « Les enseignants ont une grande part de responsabilité dans l'éducation des élèves en leur administrant l'éducation qu'il faut », s'est exprimé Raharivololona Bertine, mère de deux enfants éduqués dans l'enseignement public.

Un autre parent d'élève qui a voulu gardé l'anonymat a affirmé que « ces enseignants ont le droit de manifester leur mécontentement vis-à-vis de l'autorité actuelle et ces revendications sont correctes et justes, sauf que ce sont surtout les enfants, dont la majorité sont issus des familles à faible revenu, qui sont les plus touchées ».

Le syndicat des enseignants à Madagascar (SEMPAMA) revendique depuis des semaines, la révision des indemnités des enseignants fonctionnaires des lycées et Collèges d'Enseignement Général (CEG). Selon le président du SEMPAMA, Raharovoatra Claude, ces indemnités, appliquées depuis les années 60, ne correspondent plus au contexte actuel.

Actuellement, l'allocation familiale est de 200 Ariary et devrait s'élever à 40.000 Ariary, l'indemnité de résidence devrait passer de 90 Ariary à 100.000 Ariary, l'indemnité d'enseignement de 1.400 Ariary à 150.000 Ariary. L'indemnité de risque est de 3. 000 Ariary et devrait passer à 150.000 Ariary, l'indemnité de fonctionnement de 420 Ariary à 100.000 Ariary ainsi que l' indemnité de logement de 14.000 Ariary à ajuster à 100.000 Ariary. Notons qu'un 1 dollar équivaut à 2.000 Ariary.

Raharovoatra Claude, appuyé par les grévistes, ont souligné qu' ils ne cesseront pas leur grève et ne reprendront leur travail qu' une fois leurs revendications satisfaites. La SEMPAMA évoque même le report des examens officiels dont le Certificat d'Etudes Primaires (CEPE) prévu pour le 10 juillet, le Brevet d'Etudes de Premier Cycle (BEPC) qui doivent se dérouler du 23 au 27 juillet et le Baccalauréat qui se tiendra à partir du 6 août prochain.

Du côté du ministre de l'Education nationale, Manoro Régis, il a indiqué que son ministère est actuellement à la recherche de solutions pour régler ce problème. Selon lui, ces revendications des 43.000 enseignants malgaches sont évaluées à 210 milliards d' Ariary par an alors que cette somme est trop lourde pour une période de transition.

Quant au report des examens officiels, le ministre asouligné à Xinhua lors d'une interview exclusive, « qu'il n'y aura pas de report ni d'annulation des examens nationaux prévus dans le calendrier scolaire malgache. Le processus de sélection de sujets pour ces examens ont déjà commencé cette semaine », a-t-il martelé.

Dans cette lignée, le président de la transition, Andry Rajoelina, lors d'une cérémonie d'inauguration du samedi dernier, a mis en garde ceux qui bloquent actuellement l'enseignement.

Il a indiqué que « certains hauts responsables du régime poussent les instituteurs à maintenir leur grève afin de bloquer l' enseignement au pays. C'est inadmissible qu'on prenne nos enfants en otage pour des raisons purement politique. Je mets en garde les responsables concernés et les appelle à résoudre ces problèmes dans les plus brefs délais », a-t-il exprimé.

Jusqu'à l'heure actuelle, aucune entente n'est trouvée entre les enseignants et le ministère de l'Education. Les enfants restent toutefois sans enseignants.

Notons que les enfants qui étudient dans les écoles publiques sont surtout des enfants issus des familles à faible et moyen revenu du fait de la cherté de l'éducation dans les institutions privées.

Le système éducatif malgache enregistre plus d'un million d' enfants non scolarisés et chaque année, des centaines de milliers d'enfants abandonnent l'école primaire à Madagascar pour manque de moyen financier.