Madagascar : Le "Kabary Malagasy" a 600 ans mais jamais démodé

Afriquinfos Editeur
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Dans la Grande Ile de l'océan Indien, le Kabary Malagasy n'a jamais perdu sa valeur et est toujours utilisé dans les différents événements malgaches.

Selon l'Académie Nationale malgache, le terme Kabary, qui vient du Swahili "habari" et de l'Hébreux "chabar", est un discours prononcé à haute voix devant un public, illustré de proverbes et d' adages afin de transmettre un message important mais aussi pour émerveiller le public à travers ces maximes anciens.

Au XVe siècle, Andriamoraony régnait à Ambatondrakorika, aujourd'hui dénommé Ambatotelomirahavavy, une localité du district de Manjakandriana, au sud-est de la ville d'Antananarivo.

Ce dernier avait un conseiller du nom d'Andriambaroa qui était notable et un homme de confiance du père d'Andriamoraony pendant son règne à Ambatondrakorika. Andriambaroa pouvait décider à la place de son maître et abusait de son pouvoir lors des jugements et des sentences. Il était même allé jusqu'à dérober les propriétés du peuple et régner l'insécurité du lieu.

Cette attitude a créé un tollé chez le peuple et obligeant Andriamoraony à prendre une décision comme quoi, tout jugement et tout règlement des affaires internes de son fief devaient être débattus en plein air.

Andriamoraony a transféré le règne à son frère cadet Andriandranolava, qui, brillé de sa capacité pour les arts oratoires, a pu "maîtriser" les dérives d'Andriambaroa.

Et ce fut Andriandranolava, le juge aux sentences apaisantes, qui révéla le Kabary au grand jour, a précisé Bakoly Domenichini- Ramiaramanana, membre de l'Académie Malgache.

Depuis, le Kabary, hérité des temps anciens comme un mode de communication entre les communautés mais aussi entre les autorités et le peuple, est présent dans tous les événements de la vie des Malgaches que ce soit dans le malheur ou le bonheur.

Ainsi, selon Rabenandrasana Lalao, membre au sein de l' Association des orateurs malgaches (FIMPIMA), c'est avec le Kabary que les Malgaches ont pu conserver et sauvegarder les idiomes, les adages, les maximes et les termes spécifiquement malgaches qui ne sont pas utilisés dans la vie quotidienne.

Le Kabary a son importance culturelle, pour mettre en valeur la langue maternelle mais également pour mettre en avant les traditions malgaches, indique Rabenandrasana Lalao.

On utilise alors le Kabary lors d'un décès, d'une naissance, d' une exhumation, d'une circoncision ou d'un mariage et les termes utilisés sont tous différents selon les circonstances.

Toutefois, le Kabary suit un schéma standard à commencer par le "ala sarona" ou avant propos, les "ala tsiny" ou les excuses, les salutations adressées au Dieu tout puissant, aux autorités, à l' armée, au fokonolona et finalement aux membres de la famille mais la finalité consiste à montrer son respect à l'égard de l' assistance.

Jadis, seul le doyen de la famille ou l'homme le plus respecté de la société pouvait pratiquer le Kabary du fait de son expérience et de son vécu au sein de la communauté mais avec la modernisation, tout le monde, même un jeune, immature, qui a acquis une certaine formation au Kabary peut le pratiquer, se désole Rabenandrasana Lalao.

Le Kabary n'est jamais appris par coeur et n'est jamais lu mais arrive au feeling et dépend de la situation sans toutefois dénaturer ni transformer les faits, a-t-on indiqué.

Selon la FIMPIMA, qui célèbre ses 50 ans cette année, près de 1. 200 étudiants en Kabary ont perfectionné leurs acquis depuis et l' association ne compte pas en rester là, et ce, dans le but de revivre et pérenniser chez toutes les générations futures cette culture Malgache jamais démodée.