Macky Sall joue à quitte ou double

Afriquinfos Editeur 17 Vues
4 Min de Lecture

Quelque 5,3 millions d’électeurs devaient se rendre aux urnes le 1er juillet pour élire leurs députés, conformément à une tradition qui remonte à l’indépendance. Le nombre d’élus à l’Assemblée nationale a varié au cours des 52 dernières années. A l’indépendance, ils étaient 80, avant de passer à 100 en 1978. Puis, cinq ans plus tard, à 120 et, en 1998, à 140. En 2001, leur effectif a été ramené à 120, avant d’être porté à 150 en 2007.

Le Parlement sénégalais est bicaméral. L’Assemblée nationale (« Chambre basse ») partage le pouvoir législatif avec une « Chambre haute », le Sénat, rétabli en mai 2007 après une suppression de plusieurs années. Les députés sont élus au suffrage universel direct pour une durée de 5 ans. 90 d’entre eux étant élus à un scrutin majoritaire à un tour au niveau  départemental, les 60 autres à la proportionnelle sur une liste nationale. Dans sa configuration actuelle, l’Assemblée nationale est largement dominée par les partisans de l’ancien président Abdoulaye Wade (2000-2012), l’opposition d’alors ayant choisi, en 2007, de boycotter les élections législatives. 

 24 listes de partis et coalitions de partis sont en lice cette année. Objectif avoué de la coalition présidentielle : dépasser le beau score (65,80%) du candidat Macky Sall au second tour de la présidentielle, en mars, et offrir à ce dernier une majorité confortable, indispensable pour la mise en œuvre de ses promesses électorales.

A l’évidence, les opposants ne l’entendent pas de cette oreille. Ils n’excluent pas de conserver sinon de renforcer leur position actuelle sur le terrain, histoire de contraindre  Macky Sall à une « cohabitation » avec un Premier ministre issu de ses rangs. Parmi les pourfendeurs de la coalition présidentielle figure, en bonne place, le Parti démocratique sénégalais  (PDS), de Wade, qui entrevoit-là une occasion de montrer son audience dans le pays profond, et de prendre sa revanche sur un homme « qui lui doit tout ».

Considéré comme l’une des révélations des années Wade, Macky Sall a en effet occupé différents postes de premier plan avant de rompre, de manière tapageuse, avec son mentor. Il a ainsi été tour à tour directeur de Petrosen, l’entreprise nationale du pétrole, ministre des Mines, ministre de l’Intérieur, Premier ministre et président de l’Assemblée nationale. « Macky et Wade, c’était ton pied mon pied », confirme un vieux militant du PDS.

Le PDS pourrait-il réussir son coup et sortir vainqueur de ce que d’aucuns pronostiquent comme étant « le troisième tour de la présidentielle » ? Rien n’est moins sûr. Le vieux parti, qui fêtera dans deux ans ses 40 ans, est secoué par des velléités schismatiques depuis l’échec à la présidentielle. Conduits par le président du Sénat, Pape Diop, certains dissidents vont à la bataille sous leur propre bannière, comme pour signifier à Gorgui (le Vieux, en wolof – surnom de Wade) qu’il est temps de passer la main.  

La prochaine Assemblée nationale verra une forte présence féminine en raison d’une loi sur la parité hommes-femmes votée en mai 2010 sous Wade pour favoriser l’accès de la gent féminine dans les organes de décision. Les 150 élus siègeront, Place Soweto, à Dakar, dans un bâtiment cinquantenaire rénové qui a accueilli, en d’autres temps, le Grand Conseil de l’Afrique Occidentale française (1956-1959), puis l’Assemblée législative de la Fédération du Mali (1959-1960).