Madrid (© 2016 Afriquinfos) – Fernando de Henares, l’ex-patron du Fonds monétaire international Rodrigo Rato s’est assis lundi dernier pour la première fois sur le banc des accusés en Espagne en tant qu’ancien banquier, présumé responsable d’un «système corrompu» de détournements de fonds.
M. Rato et 65 anciens dirigeants et membres du Conseil d’administration se voient reprocher d’avoir détourné plus de 12 millions d’euros entre 2003 et 2012, en utilisant des cartes bancaires «occultes» pour des dépenses illimitées, sans contrôle ni déclarations au fisc.
« Voleur! » « Escroc! ». A son arrivée au tribunal, l’ancien ministre espagnol de l’Economie a essuyé sans broncher des insultes lancées par une quinzaine de manifestants, épargnants ou petits actionnaires, l’accusant de les avoir « ruinés » lors de la vaste « affaire Bankia ».
La publication des détails de leurs dépenses – séjours dans des palaces, achats de bijoux ou d’articles de luxe, soirées en discothèques…avait soulevé l’indignation dans un pays en crise depuis 2008, soumis à une politique d’austérité drastique. M. Rato, un cartable à la main, est entré sans rien dire dans l’annexe de l’Audience nationale. Après avoir été mis en examen dans ce scandale de «cartes au noir» en octobre 2014, Rodrigo Rato avait finalement été évincé du Parti populaire de Mariano Rajoy, dont il était un pilier.
Ce procès, qui ne concerne qu’un volet de la complexe affaire Bankia, doit durer jusqu’en décembre 2016. Rodrigo Rato a dirigé Caja Madrid puis Bankia entre 2010 et 2012 quand la banque s’est retrouvée en quasi-faillite, moins d’un an après son entrée en Bourse, et que l’Etat a dû voler à son secours. L’ancien directeur du FMI de 2004 à 2007 est mis en examen pour les conditions de cette entrée en bourse (présumée frauduleuse) de Bankia ainsi que pour fraude fiscale et blanchiment de capitaux dans une autre affaire. Ancien pilier du Parti Populaire (PP, droite) de Mariano Rajoy actuellement au pouvoir en Espagne, il fut le vice-président du gouvernement de José Maria Aznar de 1996 à 2004 avant de diriger le FMI jusqu’en 2007.
Innocente NICE