L’OMS lance une nouvelle initiative contre le paludisme

Afriquinfos Editeur
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Selon l'OMS, au cours des dix dernières années, l'augmentation des investissements pour prévenir et combattre le paludisme a permis de sauver plus d'un million de vies particulièrement en Afrique subsaharienne où survient la majorité des cas. Le nombre de moustiquaires à imprégnation durable livrés dans cette région est passé de 5,6 millions en 2004 à 145 millions en 2010.

Les programmes de pulvérisation d'insecticides à l'intérieur des bâtiments ont également été élargis et le nombre de personnes protégées est passé de 10 millions en 2005 à 81 millions en 2010.

L'OMS a élaboré des orientations techniques pour les trois volets de l'initiative TTS (tester, traiter suivre) : elle a déjà publié des Directives pour le traitement du paludisme et elle publie aujourd'hui les deux derniers documents de cette série : " Disease Surveillance for Malaria Control" et "Disease Surveillance for Malaria Elimination".

Dans la moitié des pays d'Afrique où le paludisme est endémique, plus de 80% des cas sont encore traités sans test préalable. Pourtant, le diagnostic des tests est fiable et il permet de donner un résultat en 15 minutes à partir d'une seule goutte de sang.

Le Dr Andrea Bossman a expliqué que suite aux tests on se rend compte que "15% des fièvres ont une origine paludique et 20% sont dus à une pneumonie".Les pays, comme le Sénégal, qui ont déjà généralisé les tests de diagnostic économisent des centaines de milliers de traitements chaque année.

L'OMS ainsi que 41 pays africains ont modifié leurs directives de lutte contre la malaria pour conseiller l'utilisation de l'ACT. En 2010, 60 pays fournissaient gratuitement des combinaisons thérapeutiques à base d'artémisinine (ACT). Mais des millions de gens n'ont toujours pas accès à un traitement approprié.

Une meilleure surveillance des cas de paludisme et des décès causés par cette maladie aidera les pays à déterminer quelles sont les régions ou les catégories de la population les plus touchées. "Ceci permettra aussi de mettre en uvre plus efficacement les programmes internationaux car les ressources financières bien qu' elles ne diminuent pas, n'augmentent pas", a expliqué le Dr Jan Van Erps.

En Afrique, les décès dus au paludisme ont été diminué d'un tiers au cours de la dernière décennie. La prévalence a été réduite de 50% dans 35 sur les 53 pays touchés par le paludisme et les taux de mortalité chez les enfants ont baissé d'environ 20 %. Mais la malaria reste la première cause de mortalité chez les enfants de moins de 5 ans. D'après le Dr Andrea Bossman, "ces progrès sont fragiles et peuvent encore s'inverser car l'accès aux traitements et aux dispositifs de prévention reste encore trop limité", a-t-il ajouté.

Le Dr Jan Van Erps du programme Roll Back malaria (RBM) a exprimé son inquiétude au sujet des zones isolées où des populations entières n'ont pas encore bénéficié des programmes de lutte. "En dehors des villes, l'accès aux traitements reste difficile, en raison du prix et d'un problème d'accès géographique. "

"En RDC", a-t-il cité à titre d'exemple, "la situation est plus qu'inquiétante car on assiste à une flambée des cas de paludisme sous sa forme la plus sévère".

A ce jour, le paludisme est encore présent dans 99 pays et il tue 655.000 personnes chaque année, dont 1 enfant par minute. "C' est une honte que la malaria existe encore car tous les outils pour la combattre existent", a dit un expert de l'OMS. Il manque 3, 2 milliards de dollars pour atteindre en 2015 l'objectif de l'ONU : zéro décès causé par la malaria.