Liste 2025 de la CEI: Zoom sur les leaders retenus et les réactions viriles des recalés

Afriquinfos Editeur
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Laurent Gbagbo au siège du PPA-CI pour un comité central à Abidjan, le 26 avril 2025.

Le chef du principal parti d’opposition ivoirien Tidjane Thiam (hors du pays depuis plus de deux mois), exclu de l’élection présidentielle d’octobre 2025 avec trois autres opposants, a dénoncé ce 04 juin une « dérive de la Côte d’Ivoire vers une absence totale de démocratie ».

Le président de la Commission électorale ivoirienne Ibrahim Kuibiert annonce les résultats de l’élection présidentielle depuis le siège de la Commission à Abidjan, le 3 novembre 2020 (AFP).

La liste électorale définitive publiée ce 04 juin confirme la radiation de M. Thiam et de trois autres opposants, dont l’ancien Président Laurent Gbagbo, qui souhaitent être candidats au scrutin présidentiel du 25 octobre. Aucun d’entre eux ne pourra se présenter, ni même voter. Tidjane Thiam a été radié en avril 2025 de la liste électorale, après une décision de justice remettant en cause sa nationalité ivoirienne au moment de son inscription sur la liste. « Mon élimination de la liste électorale par la Commission électorale indépendante constitue un triste mais éloquent exemple de la dérive de la Côte d’Ivoire vers une absence totale de démocratie », s’est insurgé Tidjane Thiam dans un communiqué.

Un candidat aux législatives en Côte d’Ivoire, cherche son nom au siège de la Commission électorale, à Abidjan, le 1er février 2021.

« Ces attaques contre la démocratie doivent cesser et le Gouvernement doit garantir des élections libres, équitables et inclusives en octobre (2025) », a-t-il ajouté. M. Thiam a par ailleurs saisi le Comité des droits de l’Homme des Nations Unies, a annoncé dans la soirée de ce 03 juin le PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) qu’il dirige.

Et les autres recalés dans ce chemin de croix?

Au total, quatre figures de l’opposition en Côte d’Ivoire sont exclues de la liste électorale définitive publiée ce 04 juin 2025: elles ne pourront pas être candidates à l’élection présidentielle d’octobre prochain. Le président du PDCI, Tidjane Thiam, avait été radié en avril 2025 après une décision de justice remettant en cause sa nationalité ivoirienne au moment de son inscription sur la liste.

L’ex-Président Laurent Gbagbo, son ancien bras droit Charles Blé Goudé et l’ancien Premier ministre, désormais en exil, Guillaume Soro, sont quant à eux radiés aussi de cette liste depuis plusieurs années en raison de condamnations judiciaires et n’ont pas été réintégrés. Aucun de ces quatre candidats ne pourra donc se présenter à l’élection présidentielle à venir, ni même voter. 

Le Président Alassane Ouattara, 83 ans, au pouvoir depuis 2011, est lui sur la liste mais n’a pas encore décidé s’il briguerait un quatrième mandat. En 2015 et en 2020, M. Ouattara avait été élu avec plus de 80% des voix. Lundi, 02 juin dernier, lors d’une conférence de presse, le président de la CEI (Commission électorale indépendante), chargée d’organiser les élections, Ibrahime Kuibiert Coulibaly, a redit qu’aucune révision de la liste n’aurait lieu avant le scrutin du 25 octobre.

« Priver le leader de l’opposition de ses droits politiques par l’effet d’une décision arbitraire, discriminatoire et insusceptible de recours constitue une violation grave des engagements internationaux de la Côte d’Ivoire », a dénoncé l’avocat de M. Thiam, Mathias Chichportich, dans une déclaration. Du côté du parti de Laurent Gbagbo, le PPA-CI (Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire), on déplore que « le pouvoir n’ait pas choisi d’écouter les conseils, les appels à la discussion, à la raison », a commenté son Secrétaire Général et Porte-parole adjoint, Jean-Gervais Tchéidé. « C’est dommage qu’ils aient choisi le passage en force », mais « nous n’allons pas les laisser faire », a-t-il rajouté.

Un homme cherche son nom sur une liste électorale ivoirienne provisoire le 18 mars 2025 à Abidjan.

 – « Clore tout désaccord » –

D’autres opposants et candidats déclarés sont toutefois qualifiés: l’ex-Première dame Simone Ehivet Gbagbo, l’ancien ministre du Commerce Jean-Louis Billon ou encore l’ex-Premier ministre Pascal Affi N’Guessan. « Les conditions des élections ne sont pas réunies pour que nous ayons des élections tranquilles, pacifiques », a toutefois confié Simone Ehivet Gbagbo, au nom d’une coalition d’opposition.

Depuis des mois, les principaux partis d’opposition demandent une révision de la liste électorale et la réintégration des candidats exclus. Mais selon Kuibiert Coulibaly de la CEI, la procédure prend « en moyenne 6 à 7 mois », ce qui la rend impossible sans « compromettre la tenue de l’élection du Président », le 25 octobre prochain.

Il a appelé au respect des décisions de justice pour « clore tout désaccord » et faire de la Côte d’Ivoire « un Etat de droit ». Lors de l’élection présidentielle d’octobre 2020, une révision de la liste électorale avait été effectuée en juin de cette année-là. La liste électorale définitive comporte cette année 8,7 millions d’électeurs dans ce pays qui compte une forte population immigrée, et dont près de la moitié de ses 30 millions d’habitants a moins de 18 ans.

Discours du Président ivoirien Ouattara lors de l’ouverture des Assemblées Annuelles de la BAD à Abidjan, le 27 mai 2025.

L’opposition dénonce régulièrement le manque d’indépendance de la CEI, ce à quoi l’institution répond n’être « inféodée à aucune chapelle politique ». Les partis de MM. Thiam et Gbagbo ont suspendu depuis avril 2025 leur participation aux instances de la CEI. 

Les autorités ivoiriennes récusent de leur côté toute intervention politique dans le processus électoral, assurant respecter des décisions prises par une Justice indépendante. 

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