L’Inde réussit l’alunissage et tend la main aux Etats du Sud

Afriquinfos Editeur
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Dehli (© 2023 Afriquinfos)- Après un premier échec en 2019, l’Inde vient de rejoindre le club très fermé des grandes puissances spatiales en réussissant à poser un engin spatial sur la Lune ce mercredi 23 août 2023. L’alunissage de la mission Chandrayaan-3, qui signifie « vaisseau lunaire » en sanskrit, s’est produit à 8 h 34 (heure du Québec), près du pôle Sud de la Lune, une première.

Quatre ans après une tentative avortée, le pays le plus peuplé du monde est parvenu à mener avec succès une telle opération. Cette réussite positionne l’Inde comme une grande puissance spatiale. Un exploit mené alors que nombre de ses programmes ont été effectués à des coûts bien moindres.

Développé par l’Organisation indienne pour la recherche spatiale (ISRO), Chandrayaan-3 comprend un module d’atterrissage baptisé Vikram, signifiant « vaillance » en sanskrit, et un robot mobile, appelé Pragyan (« sagesse » en sanskrit) pour explorer la surface de la Lune.

Chandrayaan-3, lancée il y a six semaines, a été plus lente à atteindre la Lune que les missions américaines habitées Apollo des années 1960 et 1970, qui y étaient parvenues en quelques jours.

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’L’Inde est sur la Lune’’, s’est félicité le Premier ministre indien Narendra Modi, au cours d’une allocution prononcée sur le réseau social X (anciennement Twitter) quelques minutes après l’alunissage. ‘’Ce succès appartient à toute l’humanité’’, a-t-il ajouté. ‘’Jour historique pour le secteur spatial indien. Félicitations à ISRO pour le succès remarquable de la mission lunaire Chandrayaan-3’’, s’est également réjoui le ministre qui est apparu souriant et brandissant un drapeau indien, en marge du sommet des puissances émergentes des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), réunies en sommet à Johannesburg.

Cette réussite du programme indien, en plein essor, intervient quatre jours après l’échec de l’alunissage de la sonde russe Luna-25, la première sonde à être lancée par la Russie vers la Lune depuis 1976, qui s’est écrasée sur dans la même région de notre satellite.

La fusée indienne est en effet beaucoup moins puissante que la Saturn V, la fusée du programme lunaire américain. Elle a dû effectuer cinq ou six orbites elliptiques autour de la Terre pour gagner en vitesse, avant d’être envoyée sur une trajectoire lunaire d’une durée d’un mois.

Vikram s’est détaché de son module de propulsion la semaine dernière et a transmis des images de la surface de la Lune depuis son entrée en orbite lunaire le 5 août. Le rover fonctionnant à l’énergie solaire doit à présent explorer la surface et transmettra des données à la Terre pendant deux semaines.

Le programme aérospatial indien est doté d’un budget relativement modeste mais qui a été considérablement augmenté depuis sa première tentative de placer une sonde en orbite autour de la Lune en 2008. Cette mission indienne, d’un coût de 74,6 millions de dollars (66,5 millions d’euros), selon les médias, bien inférieur à celui des autres pays, témoigne d’une ingénierie spatiale frugale.

Selon les experts du secteur, l’Inde parvient à maintenir des coûts bas en reproduisant et en adaptant la technologie spatiale existante à ses propres fins, notamment grâce à l’abondance d’ingénieurs hautement qualifiés bien moins payés que leurs confrères étrangers.

La précédente tentative d’alunissage en 2019, qui coïncidait avec le 50e anniversaire de la première sortie sur la Lune de l’Américain Neil Armstrong, avait coûté 140 millions de dollars (124 millions d’euros), soit près du double du coût de la mission actuelle. Premier pays asiatique à placer un satellite en orbite autour de Mars en 2014, l’Inde devrait envoyer une mission habitée de trois jours en orbite terrestre d’ici à l’année prochaine.

Pour Kailasavadivoo Sivan, l’ancien chef de l’espace indien, les efforts de Delhi pour explorer le pôle sud lunaire pourraient apporter une contribution « très, très importante » aux connaissances scientifiques.

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