New York (© 2024 Afriquinfos)- On compte désormais les quatre plus grandes économies d’Afrique de l’Ouest parties à la Convention onusienne sur l’eau. Il s’agit du Nigéria, du Ghana, du Sénégal et de la Côte d’Ivoire ce 16 juillet 2024. Le pays d’A. Ouattara est devenu le 53e Etat dans le monde, le 10è en Afrique et le 4ème pays ouest-africain à adhérer à la Convention des Nations Unies sur l’eau. Un traité «visant à améliorer la gestion commune de l’eau par-delà les frontières étatiques».
La Côte d’Ivoire a fait son adhésion à cette Convention face à l’augmentation du stress hydrique et aux effets du changement climatique sur les ressources en eau qu’elle partage avec ses pays voisins. «L’adhésion de la Côte d’Ivoire à la Convention des Nations Unies sur l’eau favorisera les relations avec les pays avec lesquels nous partageons des ressources en eau», a salué Laurent Tchagba (ministre ivoirien des Eaux et Forêts). Depuis la naissance de cette Convention, le Tchad, le Sénégal, le Ghana, la Guinée-Bissau, le Togo et le Cameroun sont devenus les premières nations africaines à y adhérer, avant d’être rejoints par cinq autres Etats en 2023 – le Nigéria, la Namibie et la Gambie, en plus de l’Irak et du Panama-. Plus de 20 autres pays sont en cours d’adhésion, la majorité d’entre eux se trouvant en Afrique, y compris le Zimbabwe et la Sierra Leone, qui en sont aux dernières étapes.
La 10è session de la réunion des parties à la Convention sur l’eau, qui se tiendra à Ljubljana, en Slovénie (du 23 au 25 octobre 2024), devrait encore catalyser cet élan. Le renforcement de la coopération transfrontalière aide les pays à élaborer et à mettre en œuvre conjointement des stratégies d’adaptation au changement climatique. Ces stratégies sont essentielles pour réduire les risques liés aux inondations, à la sécheresse et à d’autres phénomènes climatiques qui coûtent aux pays africains entre « 2% et 9% de leur PIB », selon les Nations Unies.
La Convention exige des parties qu’elles préviennent, maîtrisent et réduisent les impacts négatifs sur la qualité et la quantité des eaux transfrontières, qu’elles utilisent les eaux partagées d’une manière raisonnable et équitable et qu’elles assurent leur gestion durable par la coopération. Les parties riveraines des mêmes eaux transfrontières sont tenues de coopérer en concluant des accords spécifiques et en créant des organes communs. Le Secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, Claver Gatete, a commenté l’adhésion de la Côte d’Ivoire de la manière suivante: « Dans le contexte d’une pénurie d’eau croissante et d’une forte demande en eau en Afrique, l’adhésion de la Côte d’Ivoire en tant que dixième partie africaine à la Convention sur l’eau de 1992 est une étape importante pour le continent. La Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) continuera à travailler en partenariat avec la Commission économique des Nations unies pour l’Europe (CEE-ONU) afin de promouvoir la coopération transfrontières dans le domaine de l’eau pour faire face aux effets du changement climatique et réduire les risques de conflit, en favorisant un environnement propice à la réalisation des Objectifs de développement durable et de l’Agenda 2063 de l’Afrique. »
En plus de faciliter la collaboration concernant les eaux de surface, la Convention sur l’eau encourage la coopération entre les pays pour gérer les réserves d’eaux souterraines, particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique, et donc essentielles pour s’adapter à ce dernier. Sur le continent, 40% des terres reposent sur des aquifères transfrontaliers, abritant 33% de la population africaine (soit 381 millions de personnes). La Convention des Nations Unies sur l’eau a soutenu une coopération novatrice pour le bassin aquifère sénégalo-mauritanien, aboutissant à la mise en place d’une entité conjointe par la Gambie, la Guinée-Bissau, la Mauritanie et le Sénégal pour favoriser une gestion collaborative de ces ressources. La Convention reconnaît l’importance d’une gouvernance nationale solide pour une gestion efficace des eaux transfrontières. Et assiste les nouveaux signataires dans la création de plans nationaux d’action.
À titre d’exemples, grâce à des processus multipartites, le Togo, le Sénégal et le Ghana ont commencé à utiliser leurs plans pour mobiliser des financements en vue de leur mise en œuvre; le Tchad s’apprête également à le faire suite à la récente validation de son plan. Pendant ce temps, la Guinée-Bissau élabore encore son plan, tandis que le Nigeria et le Cameroun devraient suivre pour développer les leurs.
Seuls 58% des Africains ont accès à des services d’eau potable
Selon la BAD (Banque africaine de développement), une personne sur trois en Afrique est actuellement confrontée à l’insécurité de l’eau, et seuls 58% des Africains ont accès à des services d’eau potable gérés en toute sécurité. Par ailleurs, 72% de la population ne disposent pas de services d’assainissement de base. Cependant, l’eau possède également un énorme potentiel de transformation, étant donné que moins de 5% des terres cultivées sont irriguées aujourd’hui, et que seulement 10% du potentiel hydroélectrique de l’Afrique est actuellement utilisé.
La population de l’Afrique subsaharienne devrait doubler d’ici 2050, tandis que les effets du changement climatique continueront de s’aggraver, selon l’ONU. Afin de répondre aux défis liés à l’eau et de saisir les opportunités qui se présentent sur le continent, il est crucial de renforcer la coopération transfrontière. Heureusement, l’Afrique, tout comme l’Europe, est une région où la collaboration en matière d’eau est très avancée, comme en témoignent les nombreux organes conjoints établis pour gérer de nombreux fleuves et lacs transfrontaliers. Parmi ceux-ci, on peut citer la Commission du bassin du lac Tchad, l’Autorité du bassin du Niger, l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal, l’Autorité du bassin de la Volta et la Commission du bassin du fleuve Cubango Ovakango. L’adhésion à la Convention des Nations Unies sur l’eau contribue à renforcer davantage cette coopération.
Les dernières données relatives à l’indicateur 6.5.2 des Objectifs de développement durable ont révélé qu’en Afrique subsaharienne, un tiers des Etats de la région partageant des cours d’eau, des lacs et des aquifères transfrontaliers ont 90% ou plus de la superficie de leur bassin transfrontalier couverte par des accords opérationnels.
Vignikpo Akpéné