Dans les rangs de l'équipe et son staff technique jusqu'aux supporters zambiens qui déferlaient encore samedi dans la nuit dans la capitale gabonaise en provenance de leur pays, la sérénité est de mise pour cette rencontre de fin d'un tournoi pour lequel, au-delà des commodités d'accueil éprouvantes pour bien des participants étrangers, le Gabon et la Guinée équatoriale, co- organisateurs, se sont employés à rendre l'événement festif.
Comme pour conjurer le sort qui avait périr une délégation des "Chipolopolos", nom de cette sélection, dans un crash d'avion au large des côtes gabonaises en 1993, Kalusha Bwalya, ex-attaquant vedette de l'équipe aujourd'hui président de la Fédération zambienne de football, sont allés honorer la mémoire des leurs et invoquer les dieux sur le bord de mer de Libreville au lendemain de leur victoire sur le Ghana mercredi soir à Bata en Guinée équatoriale.
Il n'est pas jusqu'à Joseph Sepp Blatter, ci-devant président de la Fédération internationale de football (FIFA), un des invités spéciaux de la Confédération africaine de football (CAF) pour cette finale, qui, loin d'être tout à fait un pronostic, n'exprime pas une pensée pour la renaissance toujours en cours des ex-KKK, entendez Keneth Kaunda Eleven, du nom d'un ex-dirigeant zambien.
"Parlant de la Zambie, il y a eu en 1993 juste ici ou près un accident qui a amputé une grande partie de l'équipe nationale de la Zambie à l'époque. Peut-être un retour du beau temps, un retour du bon temps, on verra ça demain sur les résultats", a souligné lors d'une conférence de presse vendredi à Libreville le patron de la FIFA.
Entraînée par le Français Henri Renard, qui, on peut le dire, porte tout à fait bien son nom en déjouant les pronostics défavorables à ses poulains, la Zambie, à l'instar de son adversaire ivoirien mais avec la différence cependant que lui en a remporté une (1992), joue la troisième finale d'une CAN et court après son premier titre après les rendez-vous manqués de 1974 et 1994.
A l'évidence sans se soucier des pronostics, le technicien français n'a qu'une seule ambition : clôturer la CAN-2012 en beauté avec une victoire nette sur les Eléphants que presque tous les observateurs déclarent en pôle position. "On est qualifiés, mais ça ne change rien, on lavera nos maillots nous-mêmes. On continuera à vivre normalement. On essayera juste de finir l'aventure d'une manière extraordinaire", a-t-il déclaré après la qualification face au Ghana.
"Si nous perdons la finale, a-t-il prévenu, on aura des regrets toute notre nie. Si l'adversaire est meilleur et plus fort ue nous, on l'acceptera. Mais aucun adversaire ne peut être meilleur que nous dans ce tournoi. On ne peut pas aller dans une finale en se disant qu'on est satisfait. Il faut la remporter".
En face, forts d'un parcours plus honorable tout au long du tournoi, sans défaite, sans but encaissé et 9 inscrits, Didier Drogba, la star ivoirienne, et ses coéquipiers se voient plus près du but. C'est une constellation de joueurs talentueux et plus expérimentés, évoluant pour la plupart dans des clubs prisés des championnats européens, à commencer par Drogba lui-même, sociétaire du club anglais Chelsea.
Ils mobilisent également des dizaines de fans qui continuaient de se bousculer aux aussi dans les hôtels de Libreville samedi dans la nuit. Alassane Ouattara, le président, dès son arrivée dans la capitale gabonaise, est allé exprimer son soutien présidentiel à la bande à François Zahoui, unique coach noir de la CAN-2012 et homme avisé pour qui le trophée convoité est important pour le peuple ivoirien qui a besoin de se réconcilier avec lui- même.
"L'équipe nationale a toujours été un facteur d'unité, de rassemblement et de cohésion sociale. On ressent du soutien populaire et les joueurs veulent apporter ce trophée à la population. On sait que nous sommes des ambassadeurs de la Côte d'Ivoire", a guidé le sélectionneur.
Une vingtaine de chefs d'Etat et de gouvernement africains prendront part à la finale au stade de l'Amitié sino-gabonaise, aux côtés de leurs homologues gabonais Ali Bongo Ondimba et équato- guinéen Teodoro Obian Nguema Mbasogo, annoncent des sources du comité local d'organisation (COCAN).
Déjà présents lors de la demi-finale Côte d'Ivoire-Mali mercredi soir, lé légende brésilienne du football mondial Pelé et l'ex-star française Michel Platini, ci-devant président de la l'Union européenne des associations de football (UEFA) sont aussi cités dans la liste des invités spéciaux avec le patron de la FIFA.
La vente des tickets d'entrée au stade fait prospérer le marché noir, mais à des tarifs inférieurs aux tarifs normaux, pratiqué par des habitants de Libreville ayant bénéficié de billets offerts par des administrations gabonaises à leurs employés. Parfois, il arrive qu'un ticket de 30.000 francs CFA (60 USD) s'écoule à 5.000 francs (10 USD).
C'est tout bénef pour des mordus du ballon rond d'autres nationalités résidant dans cette ville, puisque, déçus par l'élimination en quart de finale de leur équipe face au Mali, les Gabonais se sont détournés de la CAN. C'est le 21 janvier que le coup d'envoi avait été donné avec 16 sélections à Bata en Guinée équatoriale, un pays où de nombreux participants étrangers se sont plaints des humeurs subjectives des responsables de l'immigration pour l'admission dans leur territoire, parfois sans prendre en compte le visa spécial commun institué avec le Gabon.