Ce que Donald Trump a fait devant les caméras à Zelensky nous enseigne. Donald Trump ne fonctionne pas selon les codes traditionnels de la diplomatie. Il agit comme s’il dirigeait une entreprise. Son style, brut et imprévisible, le rend difficile à cerner, mais il maîtrise parfaitement l’art de capter l’attention.
Face à lui, Volodymyr Zelensky est arrivé dans une posture de négociation, cherchant à obtenir du soutien. Mais un homme en difficulté, à deux doigts de perdre un combat, ne peut imposer ses conditions à ses alliés. Il ne peut dicter aux autres ce qu’ils doivent faire, surtout à ceux qui acceptent de lui tendre la main. Ce scénario rappelle étrangement ce que le président Laurent Gbagbo a dû endurer à Marcoussis.
Un dirigeant mis en difficulté, sommé d’accepter ce que ses opposants et ses prétendus alliés? ses bourreaux lui imposaient. Dans l’arène politique, on voit rarement de tels retournements de situation, où l’aidé devient exigeant envers l’aidant. Ce qui est encore plus frappant, c’est que cette dynamique est omniprésente dans les relations entre l’Afrique et ses partenaires. Les chefs d’État africains affichent souvent un sourire éclatant devant les caméras, même lorsqu’ils souffrent en silence.
Quand la gratitude se transforme en exigence.
L’attitude de Zelensky envers Trump met en lumière un phénomène que l’on retrouve chez de nombreux dirigeants africains. La dépendance à l’aide extérieure devient un droit implicite, un acquis. Il arrive un moment où l’habitude d’être assisté transforme la reconnaissance en obligation envers celui qui aide. Dans cet engrenage, le bienfaiteur n’est plus perçu comme un allié, mais comme un créancier ayant un devoir perpétuel. Si l’aide diminue ou cesse, cela est vécu comme une trahison, un abandon, voire un manque de respect.
Cette mentalité a créé un cercle vicieux d’habituation à l’assistanat, particulièrement visible dans de nombreux pays africains. Certains considèrent aujourd’hui que la Russie ou d’autres puissances émergentes doivent naturellement remplacer la France dans son rôle d’aidant.
Ils pensent que le soutien étranger est un dû et que les nouveaux partenaires auront l’obligation de prendre la relève. Mais combien de temps faudra-t-il avant que ces nouveaux alliés ne se lassent à leur tour de cette posture de dépendance ? Si le respect, l’égalité et la dignité doivent être les fondements des relations internationales, l’Afrique doit aussi revoir sa propre approche.
Sortir du piège de la dépendance pour retrouver sa souveraineté
Attendre que d’autres viennent sauver la situation sans construire sa propre autonomie est une erreur aux conséquences profondes. A l’endroit des pays de l’Aes. Les nations qui se développent sont celles qui apprennent à se tenir debout sans tendre la main en permanence. La véritable souveraineté ne s’obtient pas en remplaçant un tuteur par un autre, mais en bâtissant ses propres fondations. Les chefs d’État africains doivent comprendre qu’aucun pays ne les aidera indéfiniment sans attendre un retour sur investissement.
L’Afrique doit se libérer du syndrome de la gratitude forcée et de l’assistanat pour enfin écrire son propre destin.
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ALEX KIPRE. Éditeur, écrivain, journaliste