L’entrepreneuriat social, nouvelle clé du développement en Afrique ?

Afriquinfos Editeur
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Muhammad Yunus a donné sa vision de l’entrepreneuriat social lors du Séminaire sur le « développement de l’entrepreneuriat social », modèle économique à but non lucratif qui a pour but de résoudre le problème des populations et d’améliorer leurs conditions de vie.

« L’entrepreneuriat social ce n’est pas de la charité ni de la philanthropie » mais « nous faisons des affaires pour résoudre les problèmes des populations afin d’améliorer leur existence en Afrique ».

Pour lui, l’argent n’est donc pas une fin en soi mais plutôt un moyen pour transformer la vie des gens.

Mohammad Yunus encourage pour cela la créativité car « la charité étouffe la créativité et met l’individu qui réclame de l’aide dans une position de dépendance ».

Concrètement, le professeur utilise pour exemple la réussite de son projet de banque d’investissement, créée depuis 1976 : la Grameen Bank. « J’enseignais l’économie à l’université mais je ne pouvais plus supporter la pauvreté dans mon pays. C’est pour cela que je me suis lancé dans ce projet, car les banques ne prêtaient qu’aux riches et jamais aux pauvres ».

Aujourd’hui, la Grameen Bank emploie près de 25 000 personnes et octroie en priorité des crédits aux femmes, résidant en zone rurale, qui peuvent désormais monter leur propre entreprise.

Le groupe fonctionne comme une banque traditionnelle mais avec des taux d’intérêts faibles.

Les bénéfices de sa banque de microcrédit ont servi à financer quatre cliniques où les personnes les plus défavorisées peuvent se faire soigner à moindre coût. Une cinquième clinique est en cours de construction.

La banque s’est aussi engagée à réduire la malnutrition et crée un partenariat avec le groupe français Danone pour distribuer des yaourts hyper vitaminés. Des écoles ont aussi été construites.

Mohammad Yunus est ainsi persuadé que ce modèle peut s’adapter à l’économie africaine et qu’il permettrait d’accélérer le développement : « L’Afrique est l’avenir du monde. C’est un continent avec beaucoup de ressources mais qui n’ont pas été pleinement exploitées ».

« Il faut mettre en place des structures pour libérer les énergies et développer la créativité. L’Afrique va devenir le grenier du monde » ajoute-t-il. Il précise le rôle important que la BAD doit jouer dans ce processus en promotion et soutien.

Le professeur appelle avant tout à l’initiative de la population pour se lancer dans cette forme d’entrepreneuriat : « Il ne faut pas toujours attendre que le gouvernement fasse des choses pour vous. Les citoyens peuvent par leurs propres initiatives changer leur vie ».

Le discours optimiste de Mohammad Yunus sonne comme un souffle d’espoir : « Tout est possible en Afrique ( …), toutes les conditions sont réunies. L’Afrique est prête pour le changement. Il suffit d’y croire ».