Le Tchad et la France se prononcent sur la rupture unilatérale de leurs accords de défense sans éclairer la lanterne du grand public

Afriquinfos Editeur
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Le Président Tchadien Mahatmat Itno Deby (DR-Rfi)

N’Djaména (© 2024 Afriquinfos)- Le président tchadien, Mahamat Idriss Deby Itno, a justifié ce dimanche 1er février, la rupture des accords de défense avec la France annoncée le jeudi 28 novembre. Le président tchadien a expliqué que l’accord avec Paris était « obsolète » et n’apportait pas de « plus-value » face aux défis du moment. Il a toutefois précisé qu’il ne s’agit pas d’un rejet de la France, et qu’il n’est pas question d’accueillir d’autres troupes étrangères. De son côté, la France a indiqué  « prendre acte » de l’annulation de l’accord de coopération militaire avec N’Djaména, sans aucune autre précision.

Le chef de l’Etat tchadien, Mahamat Idriss Deby Itno, s’est exprimé ce dimanche 1er décembre (le jour du 34ᵉ anniversaire de l’arrivée au pouvoir de son père en 1990), lors d’un point de presse pour clarifier la décision de son pays de mettre fin aux accords de coopération militaire avec la France. Qualifiant cette rupture d’« acte souverain, mûrement réfléchi et entièrement assumé », il a souligné que cette démarche vise à renforcer l’indépendance nationale du Tchad et à répondre aux aspirations du peuple tchadien.

Le dirigeant a instruit son gouvernement de prendre attache avec les autorités françaises afin d’organiser la mise en œuvre de cette décision. « Conformément aux dispositions de l’accord, le Tchad respectera les modalités prévues pour sa résiliation, y compris le délai de préavis, et collaborera avec la partie française pour garantir une transition harmonieuse », a-t-il précisé.

Dans un communiqué publié le 28 novembre, le gouvernement tchadien avait annoncé la fin de l’accord révisé en matière de défense, signé avec Paris le 5 septembre 2019. Selon le porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah, ministre des Affaires étrangères, cette décision marque un tournant historique pour le Tchad, 66 ans après la proclamation de la République. « Elle permettra au pays d’affirmer sa souveraineté pleine et entière et de redéfinir ses partenariats stratégiques selon ses priorités nationales », avait-il expliqué.

En revanche, le communiqué précisait que cette rupture ne remet pas en cause les relations historiques et les liens d’amitié entre le Tchad et la France. Le Tchad se dit « déterminé à entretenir des relations constructives avec la France dans d’autres domaines d’intérêt commun, au bénéfice des deux peuples ».

Cependant, l’annonce de la rupture a surpris le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, d’autant puisqu’il venait à peine de quitter N’Djamena après avoir visité des camps de réfugiés soudanais. Malgré cette décision inattendue.

Paris a indiqué qu’elle « prend acte » de cette orientation et qu’elle entend poursuivre le dialogue avec le Tchad pour sa mise en œuvre.

Avant cette décision, le Tchad abritait le dernier ancrage militaire français au Sahel, après le départ des troupes françaises du Mali, du Niger et du Burkina Faso.

Aucune information n’a été communiquée concernant le calendrier et les modalités de retrait des forces françaises du Tchad.

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