Le Soudan du Sud, Etat hyper fragile, frappé par ses pires inondations touchant près d’un million d’âmes

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Une femme devant un abri de fortune à Tokar, dans l'État de la mer Rouge, après des inondations dans l'est du Soudan, le 3 octobre 2024.

Quelque 893.000 personnes ont été affectées par les graves inondations au Soudan du Sud et plus de 241.000 personnes ont été déplacées par les intempéries, a annoncé jeudi 10 octobre 2024 le Bureau des Affaires humanitaires de l’ONU (OCHA).

« Les inondations continuent d’affecter et de déplacer la population dans tout le pays », a-t-il indiqué. « De fortes précipitations et des inondations ont rendu 15 routes principales impraticables, restreignant l’accès » aux habitants de ce pays déjà parmi les plus pauvres au monde.

Selon l’OCHA, quelque 893.000 personnes ont été affectées par les inondations dans 42 comtés et dans la région administrative d’Abyei, une zone que revendiquent le Soudan et le Soudan du Sud. Plus de 40% des personnes affectées vivent dans les Etats d’Unité et de Warrap, dans le nord, d’après la même source.

Les plus de 241.000 personnes déplacées « afin de trouver un abri plus en hauteur » proviennent de 16 comtés et de la région d’Abyei, a précisé l’OCHA. Selon les organisations humanitaires, le Soudan du Sud fait face aux pires inondations qu’il ait jamais connues depuis des dizaines d’années.

La Banque mondiale indiquait le 1er octobre 2024 que les inondations aggravaient « une situation humanitaire déjà critique, marquée par une sévère insécurité alimentaire, un déclin économique, un conflit permanent, des épidémies, et les répercussions du conflit au Soudan ». La guerre au Soudan a entraîné le départ de plus de 797.000 personnes vers le Soudan du Sud, selon les chiffres de septembre 2024 de la Banque mondiale, dont 80% sont des Sud-Soudanais.

Un accord de paix a mis fin en 2018 à cinq ans d’une guerre civile meurtrière au Soudan du Sud, mais le jeune pays, qui a obtenu son indépendance du Soudan en 2011, reste miné par les luttes de pouvoir, la corruption et fait face à une situation humanitaire dramatique. Selon l’accord de paix de 2018, le pays est dirigé par un Gouvernement d’union nationale intégrant les rivaux Salva Kiir (Président) et Riek Machar (premier Vice-président), avec pour mission de mener à bien une « Transition » s’achevant par des élections.

Mais les progrès dans des domaines-clés de l’accord (rédaction d’une Constitution, création d’une Armée unifiée…) restent minces, et le Gouvernement fait également face à un cruel manque de moyens. Il a perdu sa principale source de revenus après qu’un oléoduc lui permettant d’exporter son pétrole a été endommagé par les combats au Soudan voisin, où une guerre fait des dizaines de milliers de morts depuis le 15 avril 2023.

Le Gouvernement vient en outre d’annoncer un nouveau report de deux ans (2026) des premières élections de l’histoire du pays, prévues normalement en décembre 2024.

© Afriquinfos & Agence France-Presse