Le Président ivoirien Alassane Ouattara continue d’entretenir le suspens en Côte d’Ivoire: il a annoncé dimanche, 22 juin qu’il prendrait une décision « dans les jours qui viennent » concernant sa candidature à la présidentielle d’octobre 2025, pour briguer un quatrième mandat à la tête du pays.

Sa réponse était très attendue ce 22 juin par des dizaines de milliers de partisans lors d’un grand meeting à Abidjan, au lendemain de sa désignation par son parti comme candidat à la présidentielle. « Je prendrai dans les jours qui viennent, après mûre réflexion en mon âme et conscience, une décision, je vous remercie pour votre confiance », a déclaré Alassane Ouattara dans l’enceinte du stade d’Ebimpé qui porte son nom, acclamé par les militants qui remplissaient les 60.000 places assises ainsi que la pelouse.

« Je ressens la force et la sincérité de votre appel, ces appels, je ne peux pas les ignorer, je les ai bien entendus, et je dis avec émotion, oui je vous ai entendus », a-t-il ajouté. La question agite les milieux politiques ivoiriens depuis des mois a fortiori depuis la publication de la liste électorale début juin qui exclut plusieurs figures de l’Opposition de la course à la présidentielle. M. Ouattara, 83 ans et au pouvoir depuis 2011, avait été désigné ce 21 juin candidat de son parti le RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix). Il a par ailleurs affirmé qu’il « accepte de rester président du parti, un parti national ».
Dimanche, à son arrivée dans le stade d’Ebimpé dans une ambiance digne d’un match de football, il a effectué un bain de foule, à pied, parmi ses militants. « Nous avons fait plus que reconstruire la Côte d’Ivoire, nous avons transformé la Côte d’Ivoire, mais nous pouvons aller encore plus loin, nous devons aller encore plus loin », a-t-il déclaré. « Il est celui qui a développé la Côte d’Ivoire à un niveau exceptionnel, c’est un grand bâtisseur », explique Hugo Romaric, un jeune militant du RHDP, venu de l’ouest du pays.
« ADO, ADO, ADO », ont chanté les militants tandis que des banderoles à l’effigie du Chef de l’Etat parsemaient le stade, qui a vu la Côte d’Ivoire remporter la CAN 2023.
– Tensions politiques –
L’opposition, convaincue qu’il va se présenter, se dresse déjà contre une telle candidature, a fortiori depuis l’exclusion de ses têtes d’affiches. L’ex-Président Laurent Gbagbo, son ancien bras droit Charles Blé Goudé et l’ancien Premier ministre en exil Guillaume K. Soro sont radiés de la liste électorale pour des condamnations en justice. Tidjane Thiam, leader du principal parti d’opposition, a lui aussi été écarté par la justice pour des problèmes de nationalité. Ces décisions judiciaires ont alimenté des tensions, l’opposition estimant que le pouvoir choisit ses adversaires, tandis que les autorités nient toute intervention politique.

« Je ne peux pas rester silencieux devant les dérives qui veulent nous faire revenir au parti unique. Je ne peux pas accepter ça. Je n’abandonnerai pas le combat contre le quatrième mandat », a déclaré Laurent Gbagbo, ce 19 juin. « La continuité conduira à l’instabilité, le changement conduira à la stabilité », ajoute Tidjane Thiam dans le même sens. « Je voudrais à nouveau vous rassurer, ce élections seront apaisées, démocratiques et transparentes, tout se passera bien dans la paix et dans le calme », a réaffirmé M. Ouattara ce 22 juin.
La Côte d’Ivoire a plusieurs fois connu des violences lors de périodes électorales. Fin 2010 et début 2011, l’élection d’Alassane Ouattara, contestée par son rival Laurent Gbagbo, avait fait au moins 3.000 morts. Lors de la dernière présidentielle, l’Opposition avait contesté la constitutionnalité du troisième mandat d’Alassane Ouattara. Au moins 85 personnes ont été tuées dans des violences en marge de l’élection qui avait abouti à la réélection du Chef de l’Etat, avec plus de 94% des voix.
© Afriquinfos & Agence France-Presse