Le Nigeria reconsidère le calcul de son PIB en intégrant le secteur informel délaissé par les statistiques classiques

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Le Nigeria va modifier la méthode de calcul de son produit intérieur brut (PIB) (Ouestaf.com)

Abuja (© 2025 Afriquinfos)-  Le Nigeria va modifier la méthode de calcul de son produit intérieur brut (PIB), un indicateur économique clé servant à évaluer la richesse générée dans le pays chaque année. Le Bureau national des statistiques, responsable de ce calcul, a annoncé un changement significatif : il intégrera désormais la richesse produite par les secteurs informels ainsi que celle provenant d’activités illégales.

Le pays le plus peuplé d’Afrique, qui peine à sortir de la crise économique, va désormais comptabiliser, dans son produit intérieur brut (PIB), des activités comme la prostitution. Le pays a perdu son statut de première puissance économique en Afrique et se classe désormais quatrième sur le continent.

Auparavant, le calcul du PIB excluait certains secteurs ou les évaluait de manière inexacte, notamment les entreprises numériques, les raffineries et les mines. À partir de maintenant, le PIB inclura la richesse des secteurs informels et celle générée par des activités illégales.

Selon les décideurs de cette mise à jour, l’objectif est de mieux représenter la réalité économique du Nigeria, en tenant compte des revenus issus d’activités illégales ou non déclarées. Un représentant du Bureau national des statistiques évoque, par exemple, le cas de la prostitution, dont les revenus peuvent parfois dépasser ceux du secteur formel.

Le nouveau mode de calcul, attendu dans l’année, vise à refléter l’évolution des réalités économiques et 2019 servira d’année de base, a expliqué lors d’une présentation à Lagos Moses Waniko, haut responsable du NBS. « Nous nous attendons à ce que la taille de l’économie soit plus importante », a-t-il dit. De nouveaux secteurs doivent être pris en compte, comme l’économie numérique, la santé, les caisses sociales, les retraites, les raffineries, les mines et carrières et les particuliers employeurs. Mais le calcul va aussi « couvrir des activités illégales et cachées », selon la présentation.

« Certaines activités économiques sont dépourvues de fondement juridique, comme la prostitution », a exposé M. Waniko. Pourtant, « ces acteurs gagnent un revenu et vivent parfois mieux que ceux du secteur formel. Au bout du compte, ces revenus ont un impact sur l’économie formelle », a-t-il ajouté.

La dernière fois que le Nigeria a révisé le calcul du PIB remonte à 2014 et, à l’époque, cet agrégat mesurant l’activité économique et utilisé pour les comparaisons internationales avait fait un bond de 89 %. Logiquement, la modification du calcul du PIB va aussi changer certains ratios très regardés, comme le revenu par habitant, les prélèvements fiscaux rapportés au PIB ou la dette, qui ressortait à 18,5 % du PIB en septembre, mais qui pourrait apparaître moins élevée avec un PIB plus important.

Le Nigeria (227 millions d’habitants, et 410 millions attendus en 2050, selon l’ONU) traverse actuellement l’une des pires crises économiques depuis des décennies. Il est pourtant le premier producteur de pétrole d’Afrique. Mais la contribution du secteur pétrolier à l’économie nationale s’est réduite, passant de la troisième à la cinquième place, et est supplantée par le secteur immobilier, qui devient le troisième plus gros contributeur, derrière l’agriculture et le commerce, a également expliqué M. Waniko.

Mais bien que cette approche puisse sembler artificielle pour augmenter le PIB, elle revêt une importance certaine : ces ratios sont utilisés pour évaluer le niveau d’endettement d’un pays et, par conséquent, ses taux d’intérêt.

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