Face à cette expulsion, le Front Polisario a, dans une correspondance en date du 14 avril 2016, mis en garde l’ONU d’un risque de reprise des hostilités avec le Maroc si la Minurso ne pouvait pas assumer pleinement son mandat. Pour ce Front, le risque d’une rupture du cessez-le-feu va augmenter si la mission onusienne est obligée de quitter les lieux ou si elle se trouve dans l’incapacité d’accomplir son travail.
Cela a sans doute accéléré la dynamique de réactions de Ban Ki-moon. Dans son rapport annuel sur le Sahara soumis le 18 avril 2016 au Conseil de sécurité, M. Ki-moon a estimé que les expulsions décidées par Rabat pourraient «être exploitées par des éléments radicaux et terroristes», et ainsi menacer la stabilité de la région. Pour lui, sans un personnel expatrié civil complet pour assurer la logistique, la Minurso ne peut pas remplir le mandat que lui a confié le Conseil.
Le Maroc a déjà fait savoir, le 24 mars 2016, que le retour des cadres de la Minurso n’était pas acceptable. Le Gouvernement marocain a estimé que ses sanctions à l’égard de la Minurso –intervenues suite aux propos de Ban Ki-moon, qualifiant la situation dans la région «d’occupation» – sont «souveraines et irrévocables» et que l’option de l’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara était le maximum que le Royaume pouvait offrir sur le dossier du Sahara.
Rabat argumente à ce titre que la Mission principale de la Minurso est de surveiller le cessez-le-feu. En revanche, il ne voit aucune utilité à la présence du personnel civil, vu que l’option du référendum n’est plus à l’ordre du jour ! Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se prononcer d’ici à la fin du mois en cours, sur le rapport qui lui a été soumis par Ban Ki-moon. Un rapport qui recommande le renouvellement du mandat de la Minurso jusqu’au 30 avril 2017.
Bella Edith & Akpéné VIGNIKPO