L’Afrique émet désormais plus de dioxyde de carbone qu’elle n’en absorbe: Explications

Afriquinfos Editeur
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Smokes spread from the cooling towers of the synthetic fuel plant in Secunda, on August 26, 2015. Secunda is one of the largest coal liquefaction plants in the world producing petroleum-like synthetic crude oil from coal. AFP PHOTO / MUJAHID SAFODIEN / AFP PHOTO / MUJAHID SAFODIEN

Johannesburg  (© 2024 Afriquinfos)- L’Afrique n’est plus le puits de carbone du monde. Elle émet désormais plus de dioxyde de carbone qu’elle en stocke. C’est ce que révèle les dernières données compilées d’une étude du programme “Écosystèmes futurs pour l’Afrique” (Future Ecosystems for Africa) du Global Change Institute de l’université du Witwatersrand de Johannesburg en Afrique du Sud.

Selon les chercheurs l’Afrique émet aujourd’hui l’équivalent de 4,5 milliards de tonnes de CO2 chaque année. Mais il n’en absorbe plus que 4 milliards de tonnes.

Ils soulignent que jusqu’à maintenant le continent ne produit certes qu’environ 4 % de l’ensemble des gaz à effet de serre d’origine humaine responsables du réchauffement climatique, mais perd désormais sa capacité à compenser ces émissions avec nos ses de carbone.

Historiquement, les écosystèmes africains, notamment les forêts tropicales et les savanes, jouaient un rôle crucial pour la planète en séquestrant davantage de gaz à effet de serre que les activités humaines n’en produisaient. Mais aujourd’hui le continent contribue au changement climatique mondial. En cause, l’augmentation de l’utilisation des combustibles fossiles ces 10 dernières années – pétrole, gaz et charbon – qui émettent des gaz à effet de serre, même si cela reste peu comparé à d’autres régions du monde plus développées.

Ces principales sources d’émissions de gaz à effet de serre en Afrique, proviennent de diverses sources, à la fois anthropiques et naturelles. Les principales sources humaines incluent la combustion de combustibles fossiles et les pratiques agricoles.

Les chercheurs ont trouvé que la conversion des écosystèmes naturels en terres agricoles réduit la capacité de stockage de carbone, augmentant ainsi les émissions nettes. Ils ont découvert que même si l’absorption de carbone par les sols et les plantes se poursuit, l’augmentation des émissions dépasse cette absorption, faisant de l’Afrique est désormais une source nette de CO2. En d’autres termes, bien que la séquestration du carbone continue, elle ne compense plus les émissions croissantes.

Pour mémoire, la séquestration du carbone est le processus consistant à capturer et à stocker le CO2 atmosphérique

L’Afrique préserve toujours le climat mondial

Mais malgré tout, l’Afrique contribue toujours à préserver le climat mondial. Il le fait avant tout grâce aux écosystèmes intacts des zones tropicales, qui ont longtemps séquestré davantage de gaz à effet de serre que les activités humaines n’en ont libéré..

 En effet, tous les êtres vivants, les plantes et les animaux sont composés majoritairement de carbone. Et ils sont particulièrement nombreux dans les sols, entre les racines, l’énorme quantité de microbes, mais aussi les insectes. Tant qu’on n’y touche pas, tout ce carbone est stocké dans le sol. Mais chaque fois que les sols sont labourés, retournés, il est libéré dans l’atmosphère.

Pour relever ce défi, l’Afrique doit trouver des moyens de se développer tout en étant neutre en carbone. Investir dans des sources d’énergie neutres en carbone et réduire la dépendance aux combustibles fossiles sont des premiers pas essentiels, proposent les auteurs de l’étude.

L’innovation dans les pratiques agricoles avec des systèmes mixtes de gestion du bétail et protéger et restaurer les écosystèmes qui absorbent du CO2 seront entre-autre des pratiques et défis auxquels l’Afrique devra faire face afin d’équilibrer le développement économique avec la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Cependant, « tous les pays développés ont développé leur économie grâce à l’utilisation massive de combustibles fossiles. Si les pays africains veulent devenir neutres en carbone et développer leur économie, un soutien et un financement mondiaux seront nécessaires », rappellent Yolani Ernst et Sally Archibald, co-auteurs de l’étude.

Vignikpo Akpéné