L’AES voit toujours derrière la CEDEAO une instrumentalisation de la France, rejette le moratoire de six mois des 15 

Afriquinfos Editeur
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Colonel Assimi GOITA, Abdourahamane TIANI, Capitaine Ibrahim TRAORE
Colonel Assimi GOITA, Abdourahamane TIANI, Capitaine Ibrahim TRAORE (DR)

Bamako (© 2024 Afriquinfos)- Les dirigeants de l’AES (Alliance des Etats du Sahel) n’ont que faire de la «période de transition» de six mois accordée par la CEDEAO pour acter leur retrait de l’organisation sous-régionale. Ils s’en méfient d’ailleurs, et estiment que cette période peut être une porte ouverte à des «tentatives de déstabilisation» de leurs pays.

Que la CEDEAO remballe son arsenal diplomatique et que le Président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, et son homologue togolais, Faure Gnassingbé, désignés par la CEDEAO, s’épargnent des heures de pourparlers qui n’aboutiront à rien. Les pays de l’AES ne feront pas machine arrière!

En effet, après le Sommet de l’organisation sous-régionale tenue le 15 décembre 2024 à Abuja, la CEDEAO, a donné aux États membres de l’AES un délai de six mois, à compter du 29 janvier 2025, pour s’occuper des volets techniques et des implications opérationnelles de leur demande de retrait de l’organisation.

Cette «période de Transition» vise également à «maintenir les portes de la CEDEAO ouvertes» aux trois pays, alors que des tentatives de médiation sont menées. En réponse, le 22 décembre dernier, les trois pays dirigés par des régimes militaires, ont dans une Déclaration commune, rejeté la période moratoire de six mois annoncée par la CEDEAO. Et y voient à nouveau la main déstabilisatrice de la France.

«En réitérant le caractère irréversible et immédiat du retrait des pays de l’AES de la CEDEAO […], le Collège des Chefs d’Etat de l’AES considère, à juste titre, la décision de proroger pour 6 mois le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la CEDEAO comme étant une énième tentative qui permettrait à la junte française et à ses supplétifs de poursuivre la planification et la conduite des actions de déstabilisation contre l’AES», a souligné la Déclaration signée par le Président en exercice de l’AES, le général Assimi Goïta. Il estime que Paris «tente désespérément de porter un coup d’arrêt à la dynamique émancipatrice enclenchée par l’AES».

Les Chefs d’Etat de l’AES ont également constaté «avec regret qu’au sein de la CEDEAO, des manœuvres de déstabilisation sont régulièrement initiées par une poignée de Chefs d’Etat qui imposent leurs desideratas et des agendas étrangers au reste de l’organisation». Ils ont par ailleurs dénoncé des «manœuvres de tromperie» liées à la fermeture des bases militaires françaises dans certains pays africains, ainsi que des «appuis divers» apportés par des États étrangers à «des opérations de réorganisation et de regroupement de groupes terroristes visant à déstabiliser l’AES».

En conséquence, le Collège des Chefs d’Etat de l’AES décide de mettre les Forces de défense et de sécurité en état d’alerte maximale ; de faire de l’espace confédéral un théâtre unique d’opérations militaires, coexistant avec les théâtres militaires nationaux en cours. Et appelle les populations de l’AES à redoubler de vigilance ; à dénoncer systématiquement tout fait suspect aux Forces de sécurité; et à rejeter les propositions d’enrôlement au sein des groupes terroristes.

Boniface T.