Goma, la grande ville de l’Est de la RDC, est ce lundi 27 janvier 2025 à l’aube à la merci du M23 et de l’Armée rwandaise, après plusieurs jours de combats et d’escalade diplomatique, aboutissant à la convocation par Nairobi d’une rencontre Tshisekedi-Kagame dans les prochaines 48H.
Après une réunion d’urgence, le Conseil de sécurité de l’ONU a condamné dimanche soir le ‘mépris éhonté’ de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la RDC. Mais, si plusieurs de ses membres ont clairement pointé du doigt Kigali, la Déclaration commune réclame le retrait des ‘forces extérieures’ sans les nommer explicitement, faisant référence toutefois à un rapport d’experts des Nations Unies ayant mis en lumière la présence des Forces rwandaises.

Alors que de plus en plus de pays accusent le Rwanda, la ministre congolaise des Affaires étrangères Thérèse Kayikwamba Wagner a pendant le Conseil ‘réclamé des sanctions ciblées contre les dirigeants militaires et politiques rwandais ainsi qu’un embargo total sur les exportations de tous les minerais étiquetés comme rwandais’.
Le Secrétaire Général de l’ONU Antonio Guterres a également clairement mis en cause Kigali en appelant ‘les Forces rwandaises de défense à cesser de soutenir le M23, et à se retirer du territoire de la RDC’. Les Etats-Unis se sont déclarés prêts à ’employer tous les outils disponibles’ contre ceux qui alimentent le conflit. L’Union Européenne a appelé le M23 à ‘arrêter son avancée’ et le Rwanda à se ‘retirer immédiatement’. L’Union africaine (UA) a réclamé de son côté ‘la stricte observation du cessez-le-feu convenu entre les parties fin juillet 2024’.
Dimanche 26 janvier 2025, un drone rwandais a ouvert le feu sur des positions congolaises à environ 6 kilomètres de Goma, faisant au moins deux blessés parmi les paramilitaires, ont indiqué à l’AFP des sources sécuritaires et onusiennes. Des bombardements ont aussi touché le camp de déplacés de Rusayo, dans la périphérie de Goma, selon plusieurs sources humanitaires qui n’ont pas donné de bilan. Treize soldats sud-africains, malawites et uruguayens, déployés au sein de la Force régionale d’Afrique australe (SAMIRDC) et la MONUSCO ont été tués dans des combats contre le M23 ces derniers jours, selon les autorités des trois pays.
Le Rwanda a indiqué ‘avoir évacué’ vendredi son dernier diplomate à Kinshasa. La RDC avait de son côté annoncé samedi rappeler ses diplomates à ‘Kigali avec effet immédiat’. Goma avait été brièvement occupée fin 2012 par le M23, né cette année-là et vaincu militairement l’année suivante. Dans l’Est de la RDC riche en ressources naturelles, les conflits s’enchaînent depuis plus de 30 ans. Les dernières violences ont encore aggravé une crise humanitaire chronique dans la région. Selon l’ONU, 400.000 personnes ont été déplacées par les combats depuis début janvier 2025. Etats-Unis, France, Royaume-Uni et Allemagne ont appelé leurs ressortissants à quitter Goma tant que l’aéroport et les frontières sont ouverts.

© Afriquinfos & Agence France-Presse