La lutte contre la pandémie du VIH/SIDA en Afrique en 2020 à l’épreuve de la Covid-19

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New York (© 2020 Afriquinfos)- Axée autour du thème «Solidarité mondiale et responsabilité partagée», la Journée mondiale de lutte contre le Sida 2020 (qui a lieu chaque 1er décembre) se célèbre cette fois-ci dans un contexte où les priorités sanitaires sont plutôt tournées vers la lutte contre la pandémie de la Covid-19.

Si plusieurs vaccins sont en cours de finalisation contre le coronavirus, il n’existe toujours pas de vaccin contre le virus du Sida à l’heure actuelle. Toutefois, selon le professeur Yap Boum, spécialiste en microbiologie et représentant régional d’Epicentre, la branche « recherche et épidémiologie » de Médecins sans frontières, la mise au point d’un vaccin contre la Covid-19 pourrait aider dans la lutte contre le Sida. « Pour le VIH, ce n’est certainement pas un problème de moyens. C’est un problème de complexité au niveau du virus lui-même. Le virus du VIH mute beaucoup plus rapidement », détaille ce spécialiste basé au Cameroun.

Très optimiste, le professeur Boum souligne par ailleurs : « Mais là où il y a de l’espoir, c’est de se dire que les outils qui sont trouvés aujourd’hui pour la Covid-19 pourraient aider pour d’autres pathologies. »

En effet, sur le front de la pandémie du coronavirus, les entreprises pharmaceutiques ‘BioNtech et Pfizer’ pensent pouvoir faire homologuer un vaccin « dans les prochaines semaines ». D’autres groupes sont aussi au même stade de développement d’un vaccin, mais il n’en existe toujours pas contre le virus VIH. Pas non plus contre Ebola ou le paludisme.

En Afrique subsaharienne, les femmes et les filles représentaient plus de la moitié des nouvelles infections au VIH en 2019, selon des statistiques les plus récentes sur le sujet.

Corine Karema, médecin spécialiste du paludisme et des maladies infectieuses, croit, par contre, qu’«il y a quand même des avancées en ce qui concerne le vaccin contre le paludisme. Les vaccins sont plus développés en fonction de la facilité avec laquelle le virus ou la bactérie attaque le système immunitaire. Et c’est vrai que pour le paludisme par exemple, c’est une question à laquelle il est très difficile à répondre».

Liens entre la Covid-19 et le Sida ?

De son côté, l’Onusida estime que la lutte contre le nouveau coronavirus et le VIH sont liés car la crise de la Covid-19 «exacerbe les difficultés auxquelles sont confrontées les personnes vivant avec le VIH (…) en ce qui concerne l’accès aux soins de santé vitaux».

«Nous assistons à un ralentissement des progrès en matière de réduction des nouvelles infections au VIH, d’amélioration de l’accès au traitement et d’élimination de la mortalité liée à des maladies opportunistes», alerte ONUSIDA.

D’après des experts de l’OMS et l’NUSIDA, une interruption de six mois du traitement antirétroviral pourrait entraîner plus de 500.000 décès supplémentaires dus aux maladies liées au Sida en Afrique subsaharienne, durant la période 2020-2021.

Cette crise sanitaire creuse également les inégalités et accroît la vulnérabilité au VIH des groupes marginalisés. Mais l’ONUSIDA espère que cela pourrait permettre d’avancer contre le VIH.

« Certains aspects de l’éradication du Sida en tant que menace sur la santé publique dépendent de la riposte mondiale à la Covid-19 « , estime en outre l’institution des Nations unies en charge de la lutte mondiale contre le VIH.

Depuis son apparition au début des années 80, 33 millions de personnes dans le monde sont décédées du VIH. Selon l’ONUSIDA, en fin 2019, près de 76 millions d’êtres humains ont été infectés par cette maladie.

Innocente Nice