La Côte d’Ivoire épinglée par l’UE en matière de blanchiment d’argent

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La Côte d'Ivoire parmi les Etats Africain champion en blanchiment d'argent (Dr-ici1fo)

Bruxelles (© 2025 Afriquinfos)- La Commission européenne a mis à jour, ce 10 juin 2025, sa liste des pays et territoires à haut risque présentant des carences stratégiques dans leurs régimes nationaux de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme (LBC/FT).  Au total, six pays africains dont la Côte d’Ivoire sont sur la liste des pays à « haut risque » en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme.

Les efforts fournis ces dernières années par la Côte d’Ivoire pour renforcer le cadre juridique n’ont pas suffi pour lui éviter de faire partie des pays à « haut risque » en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme.

En tant que membre fondateur du GAFI, la Commission est étroitement associée au suivi des progrès réalisés par les juridictions inscrites sur la liste, en les aidant à mettre pleinement en œuvre leurs plans d’action respectifs convenus avec le GAFI. L’alignement sur le GAFI est important pour respecter l’engagement de l’UE à promouvoir et à mettre en œuvre les normes mondiales.

En décidant de placer la Côte d’Ivoire sur la liste des pays à ‘’haut risque’’, la Commission européenne s’aligne sur l’évaluation du Groupe d’action financière (Gafi). En octobre 2024, ce dernier a en effet ajouté Abidjan à sa « liste grise » des pays jugés à risque concernant le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme,.

Le manque de transparence sur les enquêtes et les transactions bancaires comptent parmi les lacunes relevées en Côte d’Ivoire par le Gafi. Désormais, avec ce classement négatif, les opérateurs financiers européens devront adopter une « vigilance accrue » dans les transactions impliquant le pays. Mais « cela n’a pas de conséquence sur l’aide au développement, ni sur l’aide humanitaire », précise une source proche du dossier.

Cette liste de la Commission européenne doit encore être validée par le Parlement et le Conseil de l’Europe qui ont chacun un mois pour rendre leur avis. La Côte d’Ivoire a, elle, mis en place un comité pour répondre aux exigences du Gafi. Selon lui, Abidjan doit par exemple démontrer « une augmentation soutenue du nombre d’enquêtes et de poursuites en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux ».

« Il serait utile de limiter le plafond des transactions financières en liquide et de former les personnes exposées à ces situations, à savoir les notaires, les agents immobiliers et les avocats », préconise de son côté Christophe Kouamé, spécialiste de la gouvernance des politiques publiques.

La Commission a examiné attentivement les préoccupations exprimées au sujet de sa proposition précédente et a procédé à une évaluation technique approfondie, fondée sur des critères spécifiques et une méthodologie bien définie, en intégrant les informations recueillies par l’intermédiaire du GAFI, les dialogues bilatéraux et les visites sur place dans les juridictions en question.

Le Sénégal et l’Ouganda bons élèves

L’article 9 de la quatrième directive anti-blanchiment (quatrième directive anti-blanchiment) charge la Commission de mettre régulièrement à jour la liste des pays et territoires tiers à haut risque. La mise à jour de la liste prend la forme juridique d’un règlement délégué, qui entrera en vigueur après examen et non-objection du Parlement européen et du Conseil dans un délai d’un mois (qui peut être prolongé d’un mois).

Les entités de l’UE couvertes par le cadre de lutte contre le blanchiment de capitaux sont tenues de faire preuve d’une vigilance accrue dans les transactions impliquant ces pays. Cela est important pour protéger le système financier de l’UE.

’L’identification et l’énumération des juridictions à haut risque restent un outil essentiel pour préserver l’intégrité du système financier de l’UE. À la suite d’une évaluation technique approfondie et après avoir écouté attentivement les préoccupations exprimées au sujet de sa dernière proposition, la Commission a maintenant présenté une mise à jour de la liste de l’UE, qui réaffirme notre ferme engagement à nous aligner sur les normes internationales, en particulier celles fixées par le GAFI. Nous espérons que les co-législateurs adopteront rapidement cette mesure importante’’, a indiqué Maria Luís Albuquerque, commissaire aux services financiers et à l’union de l’épargne et des investissements

Les autres Etats africains ajoutés à  la liste sont : l’Algérie, l’Angola,  le Kenya, la Namibie. Cependant le Sénégal et l’Ouganda ont été radiés de la liste.

Si, pour la Côte d’Ivoire, la Commission européenne suit les recommandations du Gafi, elle en fait de même pour le Sénégal et l’Ouganda qui eux, sortent de cette liste des pays à « haut risque ». Pour Dakar, il s’agit d’une avancée cruciale dans sa quête de crédibilité financière.

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