New York (© 2020 Afriquinfos)-Les tractations de la communauté internationale pour trouver une issue au conflit libyen se sont intensifiées mardi. Tout en faisant mention d’une trêve prolongée de manière « indéfinie » entre les belligérants, Moscou a d’ailleurs annoncé la tenue dimanche d’une conférence internationale à Berlin le dimanche 19 janvier prochain.
Ces négociations ont été menées à Moscou entre les deux chefs rivaux libyens même si l’un d’eux, le maréchal Haftar, a cependant refusé de signer l’accord dans l’immédiat.
Selon Moscou, l’homme fort de l’Est libyen, qui tente sans succès depuis neuf mois de prendre la capitale Tripoli par les armes, a besoin de « deux jours » supplémentaires pour étudier le document et en discuter avec les tribus qui lui sont alliées.Fayez al-Sarraj, le chef du gouvernement reconnu par l’ONU (GNA), l’a lui signé lundi soir.
« Le principal résultat de la réunion a été la conclusion d’un accord de principe entre les belligérants pour maintenir et prolonger indéfiniment la cessation des hostilités », a affirmé le ministère russe de la Défense.
Et le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a assuré poursuivre les « efforts » avec Ankara en vue d’un accord formel.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est fait plus menaçant, prévenant qu’il n’hésiterait pas à « infliger une leçon » au maréchal Haftar si ce dernier reprenait son offensive contre le GNA.
Les rivaux libyens ne se sont pas rencontrés lundi lors des pourparlers à Moscou, mais ont négocié via les ministres russes et turcs de la Défense et des Affaires étrangères.
Une trêve est en vigueur depuis dimanche à la suite d’une initiative le 8 janvier du président russe Vladimir Poutine et de M. Erdogan, mais ses modalités devaient être signées formellement à Moscou.
Ankara soutient M. Sarraj et déploie même pour ce faire des militaires tandis que Moscou, malgré ses dénégations, est soupçonné d’appuyer le maréchal Haftar avec des armes, de l’argent et des mercenaires.
Sur le terrain la tension restait vive. Peu après minuit dimanche, des tirs d’artillerie lourde ont été entendus dans la banlieue sud de la capitale avant qu’un calme relatif revienne.
La conférence de Berlin pour parvenir à une « Libye souveraine »
Pour poursuivre les efforts diplomatiques visant à parvenir à une résolution du conflit, une conférence internationale sur la Libye sera organisée dimanche à Berlin sous l’égide de l’ONU, a confirmé le gouvernement allemand mardi.
Plusieurs pays y seront représentés, dont la Russie, la Turquie, les Etats-Unis, la Chine ou encore l’Italie et la France, mais un doute plane encore sur la participation du maréchal Haftar et de Fayez al-Sarraj, tous deux invités mais dont la présence n’est pas à ce stade confirmée.
Cette rencontre, qui se déroulera à la chancellerie allemande, entre dans le cadre du processus engagé par l’ONU pour parvenir à une « Libye souveraine » et pour soutenir « les efforts de réconciliation à l’intérieur de la Libye » même, a indiqué le gouvernement allemand dans un communiqué.
Elle aura notamment pour objectif d’aider la Libye à « régler ses problèmes sans influences étrangères » et à « réduire les interventions extérieures », décrypte une source proche des discussions.
La Russie comme la Turquie ont des visées économiques en Libye, qui dispose des plus importantes réserves africaines de pétrole.
Xavier-Gilles CARDOZZO