Simone Gbagbo poursuivie pour atteinte à la sûreté de l’Etat est réclamée par la Cour Pénale Internationale qui lui reproche des faits plus graves : crimes contre l’humanité. Des allégations qui ont fait également objet de poursuite de la ministre rwandaise, Pauline Nyiramasuhuko. Cette dernière est condamnée par le tribunal pénal international du Rwanda (TPIR). Parcours de deux uniques femmes poursuivies par des instances judiciaires.
Simone Gbagbo, ex première dame ivoirienne, Pauline Nyiramasuhuko, ministre de la famille rwandaise : deux femmes, deux mères, deux femmes politiques mais aussi deux personnalités féminines poursuivies par des institutions de justice différentes. Même si leurs parcours sont différents, leurs dossiers judiciaires se croisent en un point: des accusations de viol et de massacres dans les deux cas.
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Simone Gbagbo, la dame de fer
Née en juin 1949 d'un père gendarme, Simone a été, dans sa vie, historienne, linguiste, mais aussi syndicaliste, avant d'être la femme politique restée égale à elle même derrière les barreaux. En 1990, elle participe, aux côtés de son mari, à la fondation du futur Front populaire ivoirien (FPI). Après l'accession de Laurent Gbagbo à la présidence, en octobre 2000, cette chrétienne évangélique, reconnue très pratiquante, se retrouvera au cœur des principales décisions de son pays.
Ce qui a justifié l’accusation à son égard d’être impliquée dans les massacres qui ont lieu lors de la crise post électorale de décembre 2010. Le 11 avril 2011, Simone et Laurent Gbagbo sont arrêtés à Abidjan. Fin novembre, le mari est transféré à la Haye. Le 29 février 2012, la CPI émet un mandat d'arrêt contre Simone Gbagbo, qui ne sera rendu public qu'en novembre de la même année.
Simone Gbagbo, «qui était idéologiquement et professionnellement très proche de son mari, a participé à la mise en œuvre d'un plan devant permettre le maintien au pouvoir de son époux », lit-on dans le mandat d'arrêt émis par la CPI à l'encontre de l'ancienne Première dame. Un transfert que le gouvernement ivoirien refuse jusqu'ici ,soutenant avoir la capacité et la volonté de lui garantir un procès équitable devant la justice de son pays, La CPI revient à la charge dans une décision rendue le 11 décembre, en ordonnant aux autorités ivoiriennes de lui remettre Simone Gbagbo pour qu'elle réponde des crimes contre l'humanité portés contre elle, dont meurtres, viols, persécution et autres actes inhumains, des crimes commis en Côte d'Ivoire entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011.Comme réponse, l’Etat ivoirien ouvre son procès. Sous d'autres cieux, le Tribunal pénal international (TPIR) a déjà jugé et condamné en première instance l'ancienne ministre de la Famille, Pauline Nyiramasuhuko qui attend son procès en appel.
Pauline Nyiramasuhuko, la juriste
Unique femme à avoir été inculpée par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), Pauline Nyiramasuhuko est née en 1946, dans une modeste famille catholique de Butare, dans le sud du Rwanda. Après des études de droit terminées sur le tard en 1986, l'ancienne assistante sociale sera adoubée, en avril 1992, ministre de la Famille et de la promotion féminine dans le premier gouvernement multipartite. Membre du parti du président Juvénal Habyarimana, le MRND, elle sera reconduite dans ses fonctions en 1993 et en 1994 après l'assassinat du chef de l'Etat. Après la défaite militaire de son gouvernement en juillet 1994, elle se réfugie d'abord au Zaïre de Mubutu Sese Seko, avant de gagner le Kenya.
Mise en cause dans des rapports d'organisations internationales de défense de droits de l'homme, la juriste commence à se défendre dans les médias. «Si une personne déclare qu'une femme, qu'une mère a tué, alors, je suis prête à lui être confrontée », dira-t-elle dans un entretien avec la BBC, en 1995.
Malgré ces dénégations, elle sera arrêtée au Kenya deux ans plus tard.
Au terme de 10 ans de procès, l'ancienne ministre est condamnée à la prison à vie le 24 juin 2011, après avoir été jugée coupable de crimes de génocide et de crimes contre l'humanité : des massacres et des viols de Tutsis à Butare. L'ancienne dignitaire, qui se dit victime d'une campagne de dénigrement orchestrée par le régime de l'actuel président Paul Kagame, décide de faire appel. Selon les prévisions du TPIR, elle pourrait comparaître devant ses juges d'appel au cours de l'année prochaine.
Son procès demeure le plus long et le plus coûteux de la justice pénale internationale dans l’histoire.
L. Agbenou