Justice/Politique: Le retrait de la CPI annoncé par Joburg renvoie une mauvaise image de Jacob Zuma

Afriquinfos
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Johannesbourg (Afriquinfos 2016) – L’Afrique du Sud a fait part ce vendredi de sa décision de quitter la Cour pénale internationale (CPI). Une décision motivée par le fait qu’elle n’arrive pas à assumer ses engagements diplomatiques à cause de son adhésion à la CPI. Soit un an après avoir refusé d’arrêter le président soudanais Omar el-Béchir, le président soudanais visé par un mandat d’arrêt pour génocide.

Selon Michael Masutha, le ministre de la Justice sud-africain, la Cour de justice de la Haye est un frein pour son pays. Elle «entrave l’aptitude de l’Afrique du Sud à honorer ses obligations en matière de respect de l’immunité diplomatique». «L’Afrique est dans un processus de renforcement de ses propres institutions de respect des droits de l’Homme. Nous faisons partie de ce processus, sous la houlette de l’Union africaine. Et nous nous sommes engagés à continuer à travailler avec d’autres pays au niveau de l’UA pour faire en sorte que l’Afrique du Sud continue d’être un phare dans la promotion des droits de l’Homme ici et ailleurs dans le monde», a-t-il ajouté.

Michael Masutha a tenu à préciser que la nouvelle mesure envoyée aux Nations unies s’appliquera «à compter de la date de réception». Il faut sauver le soldat Omar el-Béchir ! En 2015, il s’était rendu en Afrique du Sud où se tenait un sommet de l’Union africaine. Jacob Zuma, le président sud-africain avait refusé de livrer son homologue soudanais. Ce dernier qui était accusé de crimes contre l’Humanité au Darfour, avait dû quitter ce Sommet sur la pointe des pieds. Harcelé de toutes parts, Jacob Zuma avait fait valoir l’immunité présidentielle pour protéger son hôte encombrant dont la tête est  réclamée par la CPI et les Nations unies.

De Joburg à Bujumbura: solidarité contre la CPI

«Nous sommes déçus qu’il n’ait pas été interpellé (…) Notre position a toujours été que l’obligation incombant à l’Afrique du Sud est claire, elle devait l’arrêter», avait déclaré James Stewart, adjoint de la procureure Fatou Bensouda de la CPI, à l’époque. Même les ONG se sont montrées indignées face à la «protection» sud-africaine accordée à Omar el-béchir. Un an après, cet incident a obligé les autorités de Joburg à revoir leur position à l’égard de la Cour pénale internationale, position qui s’apparente à une justice destinée aux présidents africains. Sur dix (10) enquêtes de la CPI, neuf (09) visent actuellement des pays africains. Ce qui a obligé  L’Union africaine (UA) à dénoncer au début de cette année 2016 une forme de «partialité» de la CPI.

L’Union africaine qualifie  de «sorte de chasse raciale» les procès de la Haye. Des voix se sont élevées en Afrique contre cette sorte de «néocolonialisme». Certains présidents africains ont même suggéré la création d’une Cour de justice africaine. L’idée qui est loin de recueillir de l’adhésion fait quand même des émules. Le Burundi a promulgué une loi annonçant son retrait de la CPI. Une décision qui vient d’être suivie par l’Afrique du Sud. Ça craint que cela ne fasse tache d’huile et donne libre cours à certains chefs d’Etat d’Afrique qui n’hésitent pas à recourir aux armes pour réprimer avec violence leurs populations…

Anani  GALLEY