Addis-Abeba (© 2022 Afriquinfos)- Vendredi dernier, au moins 23 migrants ont perdu la vie lors d’une tentative d’entrée de quelques 2000 migrants dans l’enclave espagnole de Melilla, en territoire marocain. L’Union Africaine (UA) a, dans un communiqué, dénoncé les traitements dégradants infligés aux migrants subsahariens et demande l’ouverture d’une enquête.
C’est le bilan le plus meurtrier jamais enregistré lors des tentatives de migrants subsahariens de pénétrer à Melilla et dans l’enclave espagnole voisine de Ceuta. Lors des échauffourées de vendredi dernier, au moins 23 migrants ont péri et 140 policiers ont été blessés. De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer ce qu’elles considèrent comme une tragédie. Une cinquantaine d’ONG, dont l’Association marocaine des droits humains (AMDH) et l’espagnole Caminando Fronteras, ont dénoncé « un symbole tragique des politiques européennes d’externalisation des frontières de l’Union européenne ». Et d’ajouter : « La mort de ces jeunes africains (…) dévoile le caractère meurtrier de la coopération en matière de sécurité sur les migrations entre le Maroc et l’Espagne ».
L’UA a, dès dimanche dans un communiqué réagi par la voix du Président de la Commission, Moussa Mahamat Faki. Dans un tweet, on pouvait lire : « J’exprime ma profonde émotion et mon inquiétude face au traitement violent et dégradant de migrants africains cherchant à traverser une frontière internationale entre le Maroc et l’Espagne. J’appelle à une enquête immédiate sur cette affaire et rappelle à tous les pays leurs obligations, aux termes de la loi internationale, à traiter tous les migrants avec dignité et à faire porter leur priorité sur leur sécurité et leurs droits humains, tout en réfrénant tout usage excessif de la force ».
Pendant ce temps, la justice marocaine a décidé de poursuivre 65 migrants, en majorité des Soudanais, pour avoir participé à la tentative de passage en force meurtrière vendredi. Un premier groupe de 37 migrants a été inculpé pour « entrée illégale sur le sol marocain », « violence contre agents de la force publique », « attroupement armé » et « refus d’obtempérer ». Un second groupe, composé de 28 migrants, sera jugé en outre pour « participation à une bande criminelle en vue d’organiser et de faciliter l’immigration clandestine à l’étranger ».
Boniface T.