Zoo humain : Ce que l’humanité a jamais fait de pire

Afriquinfos Editeur
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L’artiste avait déjà sévit en Allemagne et en Autriche. Maintenant, c’est en France qu’il présente ses œuvres, d’abord à Avignon, puis à Paris à partir de novembre 2013. Impossible de passer à côté, impossible de rester de marbre : ce que Brett Bailey expose, c’est l’une des pires horreurs perpétrées par l’humanité au cours des siècles passés.

Dès le début, la mise en scène perturbe : à l’entrée de l’Eglise des Célestins où se tient l’exposition, chacun est invité à prendre un numéro avant d’être appelé, seul, à commencer la visite. Une visite qui a de quoi glacer le sang, car elle s’avère être composée de tableaux vivants, un véritable zoo humain représentant ces expositions d’ « indigènes » africains qu’Européens et Américains venaient voir en foule durant toute la période coloniale, jusqu’au début du siècle dernier.

Dans la première vitrine se trouve une femme uniquement vêtue d’un pagne, immobile comme une statue, jouant la « Vénus hottentote », Sarah Bartmann (1789-1815), qui fut exposée en Angleterre puis, à sa mort, disséquée par le scientifique français Georges Cuvier pour prouver l’infériorité biologique de la « race noire ».

Plus loin, ce sont des Pygmées ; encore plus loin, une femme entourée de fils barbelés, assise devant une marmite en fer, du verre brisé et des crânes humains jonchant le sol. Cette dernière scène rappelle les camps de concentration d’Afrique du Sud-Ouest où les femmes devaient faire bouillir les têtes décapitées de leurs codétenues avant de les curer soigneusement avec des tessons de verre pour que les crânes soient envoyés en Europe afin d’être étudiés – toujours dans le but d’apporter des preuves scientifiques à la théorie de l’infériorité des noirs.

Une expérience violente, morbide et bouleversante ; belle en même temps, d’une beauté farouche et douloureuse. Brett Bailey, sans pitié pour une histoire qui essaie de dissimuler ses impardonnables fautes, mêle ainsi les atrocités du passé et les tragédies racistes d’aujourd’hui, nous invitant à nous souvenir d’une réalité qu’il est parfois très difficile de regarder en face.

Sauf que là, c’est elle qui nous regarde.