Haro sur le Soudan du Sud qui souffle sa 5ème bougie d’indépendance dans une grande douleur

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La  raison avancée par Michael Makuei, ministre de l’Information est que l’état fragile de l’économie du pays ne permet pas de telles dépenses. Les Sud-soudanais devront donc se contenter du discours de leur Président Salvar Kier.

«Nous avons décidé de ne pas célébrer le jour de l’indépendance, le 9 juillet, parce que nous ne souhaitons pas dépenser trop d’argent», a déclaré Michael Makuei. A l’en croire, des raisons concourent à cette annulation. Les signaux sont au rouge au Soudan du Sud qui sort de deux années de guerre civile.

La livre sud-soudanaise, la monnaie nationale est au plus bas (elle a chuté de 90%) tandis que depuis décembre 2015, l’inflation ne cesse de grimper. Elle est actuellement à 300%. Le budget connaît un déficit dans l’ordre de 25% du PIB (soit 1,1 milliard de dollar). Selon le Fonds monétaire international (FMI), les réserves de la Banque centrale du Soudan du Sud sont «désormais à peine suffisantes» pour tenir les importations seulement quelques jours. Aussi, le pays a-t-il contracté des dettes contre une éventuelle production de son pétrole.

Paradoxalement, le pays se dote de matériels de guerre. Des signes qui montrent que le pays n’est pas totalement sorti des années de guerre civile. Comme en témoignent des affrontements meurtriers qui ont lieu  ce week-end dans la ville de Wau située au nord-ouest de Juba, la capitale.

Des combats qui seraient provoqués par «des éléments opposés à la paix et soutenus par des combattants tribaux», rapporte l’armée sud-soudanaise. Des affrontements qui, selon le bilan officiel ont fait 43 morts. «Ce sont les corps qui ont été retrouvés jusqu’à présent, mais le nettoyage continue», affirme Michael Makuei, le ministre de l’Information qui craint que  le bilan ne s’alourdisse.

Résurgence des combats

«Il est d’une importance cruciale que les deux parties s’engagent à un cessez-le-feu permanent, et qu’ils s’y tiennent sans retard», a déclaré la semaine dernière Festus Mogae, ancien président du Botswana qui préside actuellement la Commission de surveillance et d’évaluation de l’accord de paix (JMEC) signé le 26 août 2015. Selon lui, il n’y a pas eu véritablement un accord de paix. Car, «si les parties ont bougé l’une par rapport à l’autre, c’est uniquement pour s’éloigner», a-t-il déploré. En effet, depuis le retour de Riek Machar (Vice-président) il y a de cela deux mois, les combats ont repris malgré le Gouvernement d’union nationale.

Des milices s’opposent au prétexte qu’elles ne sont pas concernées par l’accord de paix. Les deux camps (ceux du président Salvar Kier et du Vice-président Riek Machar) ne veulent pas fumer le calumet de la paix. Du coup, il est difficile pour eux de respecter  la ligne de démarcation de leurs armées respectives.

Actuellement, ils sont plus de 160.000 déplacés sud-soudanais qui vivent dans les camps de l’Organisation des Nations Unies (ONU). La guerre civile a  fait selon les chiffres plus de 2,3 millions de déplacés.

 Anani  GALLEY