Guinée/Procès en appel de l’opposant Aliou Bah, rendez-vous le 22 avril pour une nouvelle audience

Afriquinfos Editeur
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Carte de la Guinée localisant sa capitale Conakry.

Le procès en appel de l’opposant guinéen Aliou Bah pour offense au Chef de la Transition, qui s’est ouvert à huis clos dans la matinée de ce 16 avril 2025 à Conakry, a été à nouveau renvoyé, au 22 avril, selon l’entourage de l’opposant et le parquet.

C’est la troisième fois que ce procès en appel est renvoyé ces derniers mois. Il intervient dans un climat tendu, marqué par la disparition de plusieurs opposants au régime militaire et une restriction sévère des libertés publiques dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Aliou Bah, président du Mouvement démocratique libéral (Mode L), a été condamné en janvier 2025 à deux ans de prison ferme pour « offense et diffamation » à l’encontre du général Mamadi Doumbouya, qui a pris le pouvoir par la force en septembre 2021 après avoir renversé le Président civil, Pr Alpha Condé.

Le colonel Mamady Doumbouya, le 1er octobre 2021 à Conakry, en Guinée.

Selon sa défense, il est reproché à Aliou Bah d’avoir, lors de meetings, « appelé les chefs religieux (guinéens) à sortir de leur silence » sur la situation en Guinée, et qualifié d' »incompétent » le CNRD, l’organe dirigeant de la Transition dans ce pays ouest-africain. Selon un magistrat qui a requis l’anonymat, le renvoi a été motivé par le fait « que les avocats ont boycotté l’audience ». Le procès s’est ouvert mercredi matin en présence des avocats de la défense, mais ces derniers ont finalement quitté la salle pour « raisons de sécurité », avait expliqué plus tôt à l’AFP Me Antoine Pépé Lamah, l’un des avocats de la défense.

Maître Galissa Hady Diallo, autre avocat d’Aliou Bah, a affirmé qu’à leur arrivée mercredi matin, la salle d’audience était remplie de « jeunes gens amenés » là et de « personnes qui n’ont aucun intérêt à participer à ce procès ». « Nous, avocats, nous n’étions pas en sécurité dans cette salle d’audience (…) M. Bah en personne (n’était) pas en sécurité dans ces conditions-là », a estimé l’avocat. « Devant cette mascarade, on a décidé qu’on n’allait pas s’associer à ce scandale-là ». La presse et des diplomates n’ont pas été autorisés à assister l’audience. Le procureur de la Cour d’appel, Fallou Doumbouya, a justifié cette mesure par une volonté d’empêcher que des personnes ne retransmettent ou ne diffusent des images de l’audience, ce qui est interdit par la loi, a-t-il rappelé, lors d’une conférence de presse mercredi après-midi.

Selon M. Doumbouya, le parquet avait, au préalable, rejeté respectivement une demande de la défense pour une couverture médiatique de l’audience ainsi qu’une autre de la partie civile pour un procès en huis clos. La Cour « a interdit l’accès ou l’introduction d’appareils permettant de fixer, de transmettre, de diffuser des images ou des paroles sur le fondement de l’exposition de l’article 399 du Code de procédure pénale », a-t-il expliqué, assurant que les droits du prévenu seront respectés.

M. Doumbouya a par ailleurs confirmé que le procès en appel a été renvoyé au 22 avril. La Transition guinéenne est régulièrement accusée de réprimer la liberté d’expression et faire taire des figures de l’Opposition. Des manifestations réclamant le départ des militaires sont régulièrement interdites et plusieurs médias ont été fermés dans le pays ces derniers mois.

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