Guinée : Le pouvoir et l’opposition dans une logique de confrontation après les législatives

Afriquinfos Editeur
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Lors d'une conférence de presse tenue vendredi à Conakry, le chef de file de l'opposition et de ses pairs ont appelé leurs militants, dans cette optique, à se tenir prêts pour des manifestations de rue, qui pourraient être déclenchées de façon " imminente".

Ils soupçonnent en effet le pouvoir de vouloir s'arroger la majorité des 114 sièges de la future Assemblée nationale à l'issue du vote qui s'est déroulé le 28 septembre dernier, et dont les premiers résultats partiels sont favorables au parti au pouvoir.

L'opposition a carrément exigé "l'invalidation pure et simple des résultats des élections législatives".

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A la veille de cette conférence de presse, l'opposition avait annoncé son retrait des commissions de centralisation des résultats.

Dans une déclaration publiée il y a deux jours, les opposants accusaient le pouvoir et la CENI qui, selon eux, oeuvreraient par "des manoeuvres de tous genres, au détournement des suffrages exprimés par les Guinéens dans le but de proclamer des résultats non conformes au verdict des urnes", allant jusqu'à affirmer qu'il a été mis "en évidence l'organisation d'une fraude massive dans certaines circonscriptions électorales".

L'opposition parle plus particulièrement des circonscriptions situées en Haute Guinée, Guinée Forestière et Basse Guinée.

Dans ces circonscriptions ont été enregistrées "une immixtion importante de membres du gouvernement et une interférence directe d'administrateurs territoriaux dans le processus électoral".

Pendant que l'opposition s'épanche dans les médias, dans un durcissement de ton qui annonce le début d'un bras de fer avec le pouvoir, du côté de la mouvance on essaie de garder la sérénité. C'est du moins ce que laisse entrevoir les différentes communications de Moustapha Naité, porte-parole du RPG-Arc-en-ciel, parti au pouvoir.

Moustapha Naité a déclaré ce vendredi que la mouvance portait sa confiance dans la délibération de la CENI, le seul organe disposant du pouvoir de publier les résultats provisoires. Elle a regretté la sortie de l'ancien Premier ministre Sidya Touré, qui, au nom de l'opposition, a qualifié les premiers résultats partiels de "casus belli".

Le porte-parole de la mouvance a tenu à dire que les populations en ont assez des violences qui ont jusque-là émaillé le processus électoral.

Toujours dans la même veine, le ministre secrétaire général de la présidence Kiridi Bangoura a pointé du doigt des "irrégularités " imputées à l'opposition dans des localités situées à Boffa, en Basse Guinée. Pour Kiridi Bangoura, la mouvance fera recours aux " moyens légaux" que sont les instances judiciaires, comme la Cour suprême.

Il faut aussi souligner cette mise en garde adressée par le président Alpha Condé aux "fauteurs troubles". Le chef de l'Etat guinéen, qui s'adressait à ses compatriotes à partir de N'Zérékoré, capitale de la région forestière à l'occasion de la célébration du 55ème anniversaire de l'indépendance de son pays, a vertement tancé ceux qui menacent de recourir à des manifestations de rue, après la publication des résultats du scrutin.

Le président Condé a saisi cette occasion pour inviter les populations à la sérénité, et à se départir de la peur, a promis que leur sécurité sera assurée.

A cette même occasion, la coordinatrice du RPG-arc-en-ciel Nantou Chérif a appelé l'opposition à se conformer au verdict des urnes, pour qu'ensemble ils puissent gérer les affaires du pays.

Pour le moment, l'opposition ne semble pas entendre les choses de cette oreille, et s'apprête à recourir à la rue, comme l'a fait savoir ce vendredi au cours de sa conférence de presse.

Le pouvoir, de son côté, promet de maintenir l'ordre public, ce par tous les moyens. C'est la logique de confrontation qui risque de prendre le dessus, à cette allure.