Grands enseignements pour l’Afrique des AN de Marrakech de la BM & du FMI en dehors de la Déclaration éponyme

Afriquinfos Editeur
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Marrakech (© 2023 Afriquinfos)- Clap de fin ce 15 octobre 2023, sur les réunions annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque Mondiale. Les rencontres qui ont démarré le 9 à Marrakech, au Maroc, se sont soldées par beaucoup de paroles mais peu d’actes pour l’Afrique de la part du FMI et de la Banque mondiale pour le continent.

Même si  les réunions annuelles des institutions de Bretton Woods étaient hautement symboliques, puisque c’étaient les premières à être organisées sur le continent depuis 50 ans, elles ont accouché d’un bilan plutôt maigre pour l’Afrique, tant bien même que celle-ci était bien au centre des préoccupations.

La directrice générale du Fonds, Kristalina Georgieva, a dès les premiers mots de son speech, répété l’importance qu’elle donnait à l’Afrique dans le développement de l’économie mondiale à l’avenir: « un XXIe siècle prospère nécessite une Afrique prospère« , a-t-elle martelé.

« Si nous ne réussissons pas à construire des ponts entre le capital, concentré principalement dans le Nord, et les jeunes gens qui sont concentrées principalement dans le Sud-est et tout particulièrement en Afrique, nous n’y arriverons pas« , a déclaré Mme Georgieva.

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Dès lors, il importait aux institutions internationales d’apporter des garanties au continent, de lui montrer qu’elles sont à l’écoute et n’oublient pas leurs préoccupations.

L’une de celles exprimées en amont des réunions était de voir le financement climatique prendre le dessus sur la lutte contre la pauvreté, question qui reste essentielle sur un continent qui concentre encore une part prépondérante de la population la plus pauvre dans le monde et est régulièrement confronté aux crises humanitaires.

Une situation qui a poussé durant la semaine les pays en développement, regroupés au sein du G24 à demander « annulation de la dette des pays les plus vulnérables et les plus pauvres dont la majeure partie de la dette est due aux banques multilatérales de développement et au FMI« , par la voix de son président, le ministère de l’Economie ivoirien Adama Coulibaly.

Manque d’actions concrètes

Le FMI devrait s’entendre pour créer un 25e siège à son conseil d’administration, et en faire le 3e pour l’Afrique sub-saharienne, une mesure qui deviendra effective dans un an, rejoignant la BM qui en a fait de même dès 2014.

Mais les actions concrètes manquent encore, et en particulier sur la question de l’endettement, alors que plus d’une vingtaine de pays sont confrontés ou tout près de basculer dans une crise de la dette.

Dans certains pays de la région, le service de la dette représente plus de 40% du budget de l’Etat, un niveau intenable alors que les défis les plus élémentaires, comme assurer un accès à l’eau potable et l’énergie, nécessitent d’importants investissements.

Or les négociations de restructuration sont souvent compliquées, du fait d’intérêts divergents entre créanciers, en particulier la Chine et les membres du Club de Paris, qui regroupe surtout les pays occidentaux.

« Si vous combinez ce que l’on dépense en salaires pour nos agents publics et le service de cette dette, cela représente plus de 90% des taxes collectées« , expliquait ainsi jeudi le ministre des Finances zambien, Situmbeko Musokotwane, alors que son pays tente de finaliser un protocole d’accord avec ses créanciers bilatéraux pour restructurer sa dette.

Plus encore, les Etats africains ont parfois le sentiment que les ressources se libèrent plus facilement dans certains cas, à l’image de l’Ukraine, qui a disposé de près de 20 milliards de dollars de la part de la BM depuis le début de l’invasion russe.

Le FMI de son côté, a signé avec le gouvernement ukrainien fin mars un plan d’aide de 15,6 milliards de dollars, dans le cadre d’un plan plus large, impliquant notamment les pays du G7 et l’Union européenne (UE), pour un montant total de 115 milliards de dollars.

L’adoption de la ‘’Déclaration de Marrakech’’

En attendant, l’Afrique continue de connaître une situation économique difficile. Début octobre, la BM alertait sur le risque d’une « décennie perdue » pour le continent, alors que la croissance du PIB par habitant devrait être quasiment stable entre 2015 et 2025.

Le rapport régional pour l’Afrique sub-saharienne du FMI, publié vendredi, pointe lui une croissance d’à peine plus de 3% (3,3%) en 2023, pour la deuxième année consécutive, avant de remonter à 4% en 2024, alors que l’inflation reste supérieure à 10% dans une quinzaine de pays africains.

La Réunion ministérielle de Haut Niveau s’est cependant achevée par l’adoption de la ‘’Déclaration de Marrakech’’. Paraphée par les 48 pays participants, le document marque le point de départ d’une “architecture financière mondiale plus équitable et plus propice au développement de l’Afrique”.

V.A.