"Pour atteindre cet objectif, l'exécutif béninois ambitionne de développer prioritairement la pisciculture et l'aquaculture, tout en assurant la gestion durable des ressources halieutiques et la réhabilitation des plans d'eau afin d'augmenter la production halieutique nationale de manière à réduire de 20% les importations de poissons congelés, d'accroître le niveau d'exportation de crevettes de qualité et d'améliorer les revenus des différentes catégories d'acteurs", a-t-il expliqué.
LES VRAIES CAUSES DE LA STAGNATION DE LA PRODUCTION HALIEITIQUE AU BENIN
Selon une récente étude réalisée par la direction de la programmation et prospective du ministère béninois de l'Agriculture, de l'élevage et de la pêche, le sous-secteur des pêches occupe 15% de la population active totale et 25% de la population active du secteur agricole. Il représente plus de 300.000 emplois directs et indirects et assure une part non négligeable de la quantité totale de protéines d'origine animale consommées.
De même, souligne la même source, le pays dispose d'une façade maritime longue d'environ 125 km qui s'étend de la frontière nigériane à la frontière togolaise et d'une zone économique exclusive (ZEE) de près de 27.750 km².
Le réseau hydrologique du Bénin est assez dense et est constitué de lagunes, de lacs, de fleuves, de rivières, de marais, de plaines d'inondation et de retenues d'eau.
"Au total, au moins 333 km² d'eau saumâtre et 700 km linéaires de cours d'eau sont disponibles. Il est dénombré plus de 200 retenues d'eau sur toute l'étendue du territoire national", révèle le même document.
Mais aujourd'hui, explique le directeur de cabinet du ministère béninois de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche, l'utilisation généralisée de méthodes et engins de pêche non réglementaires, l'accroissement non contrôlé de l'effort de pêche, la dégradation des écosystèmes aquatiques, la pollution des plans d'eau par les déchets ménagers et industriels et les efforts timides déployés par l'administration en matière d'aménagement participatif des plans d'eau font que la production halieutique nationale stagne depuis des années à 40 000 tonnes en moyenne par an alors que la consommation en produits halieutiques est passée à plus de 87 000 tonnes depuis 2005.
"Ce déficit est comblé par l'importation d'environ 45 000 tonnes par an de poissons congelés", a-t-il déploré.
LA NECESSITE D'ACCROITRE LA PRODUCTION HALIEUTIQUE AU BENIN
"L'accroissement de la production halieutique marchande devient donc un impératif pour contribuer à garantir la sécurité alimentaire des populations et à améliorer la balance commerciale tout en maintenant les emplois en milieu de pêche", a estimé l'autorité politique en charge du département de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche.
Il précise que le Bénin exporte en moyenne 700 tonnes de crevettes par an vers les pays de l'Union européenne (UE).
"Ces crevettes pêchées principalement en lagunes sont débarquées sur des sites non aménagés par des acteurs qui ne maîtrisent pas bien les normes sanitaires admises sur le marché international des produits de la pêche. De plus, le système d'assurance qualité sanitaire montre des insuffisances. Cette situation a contraint le Bénin à suspendre ses exportations de produits de la pêche vers les pays européens en juillet 2003", a-t-il indiqué.
Mais malgré la reprise des exportations en 2005, a-t-il souligné, des défis restent à relever pour assurer la qualité sanitaire des crevettes et accroître le tonnage exporté.
"Ces défis portent essentiellement sur : l'aménagement des sites de débarquement des produits de la pêche ; la surveillance continue des contaminants du milieu aquatique ; la mise en place de laboratoires d'analyses accrédités ; la formation et l'équipement des acteurs à la base et des inspecteurs des produits et la maîtrise de l'élevage de crevette", a-t-il énuméré, précisant les attentes de l'exécutif béninois dans le sous secteur de la pêche.
"Il s'agit de passer de 700 à 1000 tonnes au moins de crevettes exportées par an. A cet égard, en dehors de toutes les actions menées dans le cadre de la gestion durable des ressources halieutiques pour optimiser les techniques de pêche aux crevettes, des études de faisabilité de l'élevage des crevettes seront menées et les résultats exploités", a-t-il expliqué.
De même, a-t-il poursuivi, les conditions actuelles de faible productivité des plans d'eau, la pisciculture et l'aquaculture offrent la possibilité d'augmenter de 50% les productions du poisson et constituent à ce titre, des activités à promouvoir dans toutes les zones à potentiel piscicole.
"En effet, avec le développement de cette filière, la production nationale de poissons augmentera, l'importation de poissons congelés sera réduite; des économies en devises seront réalisées, et les revenus des pêcheurs vont augmenter; l'effort de pêche sera réduit et la productivité des plans d'eau sera améliorée", a-t-il souhaité.