Ghana: La Cour suprême soutient la dynamique nationale d’anti-LGBT+ en rejetant deux recours sur une loi répressive

Afriquinfos Editeur
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Des manifestants rassemblés pour défendre les droits des personnes LGBTQ+ dans les pays du Commonwealth, notamment africains, le 13 mars 2023 à Londres (Royaume-Uni).

La Cour suprême du Ghana a rejeté mercredi 18 décembre 2024 deux recours s’opposant à une loi anti-LGBT+ répressive, adoptée par les députés fin février 2024 et qui restreint drastiquement les droits de cette communauté dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.

Manifestation devant la Haute Commission du Ghana à Londres, le 6 mars 2024, contre le projet de loi anti-LGBTQ+ du Ghana, dont l’adoption a été reportée jusqu’à la décision de la Cour suprême sur un recours en justice.

‘Il n’y a pas d’acte que la Cour suprême puisse annuler en vertu de sa compétence’, a déclaré Avril Lovelace-Johnson qui a présidé le panel des sept juges de la Cour suprême, lors de l’annonce de sa décision. Adopté en février 2024 par le Parlement ghanéen, le projet de loi ‘sur les droits sexuels et les valeurs familiales’ prévoit jusqu’à trois ans d’emprisonnement pour une personne ayant eu des relations homosexuelles et entre trois et cinq ans pour ‘la promotion, le parrainage ou le soutien intentionnel d’activités LGBT+’.

Au Ghana, pays conservateur très religieux à majorité chrétienne, les relations entre personnes de même sexe sont interdites par une loi datant de l’ère coloniale, mais il n’y a eu jusqu’ici aucun cas de poursuite pour ces motifs. Ce projet de loi, vivement critiqué en Occident, pourra entrer en vigueur après sa ratification par le Président Nana Akufo-Addo. Quelques semaines après l’adoption du texte par le Parlement, Akufo-Addo, qui quittera officiellement ses fonctions le 7 janvier après deux mandats à la tête du pays, avait déclaré qu’il attendrait d’abord que la Cour suprême se prononce sur sa constitutionnalité avant de décider ou non de promulguer le texte.

En mars 2024, le ministère ghanéen des Finances a averti que le pays, qui tente de sortir de l’une de ses pires crises économiques depuis des décennies et qui bénéficie d’un programme de prêt de 3 milliards de dollars du FMI (Fonds monétaire international), risquait de perdre près de 3,8 milliards de dollars de financement de la Banque Mondiale en raison de cette loi vivement critiquée par la communauté internationale.

La Cour Suprême, plus haute juridiction du pays, avait été saisie sur le sujet par le journaliste ghanéen Richard Dela-Sky et la chercheuse universitaire Amanda Odoi. M. Dela-Sky a contesté la constitutionnalité de la loi, tandis que Mme Odoi demandait une ordonnance restrictive pour empêcher le président du Parlement, le procureur général et le greffier du Parlement d’envoyer le projet de loi au Président Akufo-Addo pour approbation.

Ce texte avait été déposé au Parlement en 2021, mais son vote avait toujours été reporté.

© Afriquinfos & Agence France-Presse