Le Président du Ghana a confié ce 05 mai 2025 avoir sanctionné plus de 40 de ses ministres et collaborateurs pour ne pas avoir déclaré leurs avoirs, alors que le nouveau dirigeant du pays poursuit sa campagne anti-corruption après son retour au pouvoir en janvier 2025.
Depuis son investiture, le Président John Mahama a promis de sévir contre la corruption tout en tentant de sortir le pays de la crise économique dans laquelle il gît depuis 2020. La mesure prise ce 05 mai 2025 est considérée comme le coup d’envoi du nouveau ‘Code de conduite des fonctionnaires’ mis en place par J. Mahama.

Les personnes qui n’ont pas respecté la date limite de déclaration de patrimoine, fixée au 31 mars dernier, devront verser quatre mois de salaire, dont trois à titre de sanction et un à titre de don obligatoire au Ghana Medical Trust Fund, un Fonds nouvellement créé, et surnommé « Mahama Cares » (« Mahama se soucie » en anglais).
« Si, à la fin de la journée du mercredi 7 mai 2025, certains d’entre vous n’ont toujours pas déclaré leur patrimoine, vous serez automatiquement démis de vos fonctions », a rajouté le Président ghanéen lors d’un discours prononcé au Palais présidentiel à Accra (capitale). La liste des personnes concernées n’a pas été rendue publique pour autant. Le nouveau Code de conduite précité s’applique à tous les responsables politiques, y compris les ministres, les députés, les membres du personnel présidentiel et le Président lui-même.
Des allégations de corruption ont entaché le précédent mandat présidentiel de Mahama, de 2012 à 2017, bien qu’aucune accusation n’ait été officiellement portée contre lui. Les observateurs de la bonne gouvernance ont salué cette initiative comme étant sans précédent dans l’histoire de ce pays ouest-africain modèle d’alternance démocratique depuis 1992.
« Il s’agit de l’un des cadres éthiques les plus complets et les plus applicables jamais annoncés par un Président ghanéen en exercice », a expliqué Emmanuel Wilson Jr, qui milite au sein de l’organisation anti- corruption ‘Crusaders Against Corruption’.
Dans son discours, D. Mahama a promis en outre que les sanctions « ne seront pas cosmétiques ». « Elles seront appliquées. Et je n’hésiterai pas à agir avec fermeté et détermination, quelle que soit la personne impliquée », a-t-il ajouté. Les principales dispositions du Code sus-mentionné comprennent la déclaration obligatoire des avoirs, l’interdiction des conflits d’intérêts, l’interdiction pour les personnes nommées d’acheter des biens publics, des restrictions sur les cadeaux d’une valeur supérieure à 20.000 GHS (1.450 dollars), et des protocoles d’approbation stricts pour les voyages officiels.
Un portail public est en cours de création pour permettre aux citoyens de signaler de manière confidentielle les violations du Code. En avril 2025, les autorités actuelles ont inculpé un ancien haut responsable sécuritaire pour avoir détourné des millions de dollars d’un contrat de cybersécurité.
Par ailleurs, la présidente de la Cour Suprême a été suspendue et l’ancien ministre des Finances sous l’ex-Président Akufo-Addo est accusé de corruption. Des scandales de corruption ont entaché le mandat de Nana Akufo-Addo, aggravant les pressions budgétaires auxquelles le Ghana est confronté, alors qu’il traverse une crise financière depuis le défaut de paiement de sa dette en 2023.
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