Géopolitique de l’UE en Afrique : le pouvoir burundais sommé d’entrer en dialogue avec son opposition

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Les 28 pays de l'Union européenne ont donné leur accord à l'envoi du courrier au président burundais Pierre Nkurunziza, au cours d'une réunion des ministres du Développement à Luxembourg. Cette démarche est conforme à la procédure prévue par l'article 96 de l'accord de partenariat UE-ACP en cas de non-respect des éléments essentiels de l'accord que sont les droits de l'Homme, les principes démocratiques et l'Etat de droit.

«La situation au Burundi s’est dégradée au cours de la période qui a précédé les élections législatives et présidentielles, en juin et juillet derniers. On a intensifié, avant ces élections le dialogue politique avec l’objectif de créer ce consensus politique sur le processus électoral mais, à ce stade, on constate que la situation ne s’améliore pas ; que les violations des droits de l’Homme continuent», a déclaré à RFI la porte-parole de l’Union Européenne, Catherine Ray.

«Il a été décidé d’ouvrir ces consultations pour amener les différentes parties autour de la table afin d’éviter, vraiment, les violences et pour faire en sorte que toutes les différentes parties burundaises se mettent ensemble et discutent pour trouver une solution qui soit politique»,explique la porte-parole de la diplomatie européenne. «Notre action s’inscrit évidemment en soutien des efforts de la Communauté internationale et surtout de ceux de la Communauté de l’Afrique de l’Est et de l’Union africaine. Il est important qu’on essaye, tous, de pousser dans la même direction et on voit qu’on le fait tous», a précisé Catherine Ray.

Le Conseil Paix et sécurité de l'Union africaine et l'Union européenne entendent ainsi prendre des décisions fortes à l'égard de Bujumbura afin de pousser les autorités burundaises à discuter avec les autres parties du conflit dans l'espoir de mettre fin aux violences. Ces consultations devront amener le gouvernement burundais à présenter un programme qui permette, selon l'UE, un retour au respect des principes démocratiques et des droits de l'Homme, mais aussi de ramener toutes les parties burundaises à la table des négociations.

 «L'UE est et restera fermement engagée auprès de la population burundaise dans cette crise qui a fait déjà plus de 120 morts et des milliers de blessés, et a forcé plus de 190.000 personnes à se réfugier dans les pays voisins. Notre solidarité avec le peuple burundais, davantage fragilisé par la crise, reste entière», a ajouté de son côté le Commissaire pour la Coopération internationale et le développement, Neven Mimica. Mais, cet engagement de l’UE pourrait se heurter à la mauvaise volonté de Bujumbura. C’est pourquoi l’Union a prévu des mesures pour amener le Burundi à s’engager dans le processus.

Sanctions drastiques

Les pressions de l’Union s'articulent autour de trois axes principaux. Il s’agit tout D’abord des sanctions individuelles. Puis, la communauté internationale se garde en réserve et, surtout en cas de flambée de violences, le bannissement des militaires et policiers burundais des opérations de maintien de la paix. Enfin, la suspension de l'aide comme certains pays notamment la Belgique et l'Allemagne l’ont déjà fait, pourrait être généralisée à toute l'Union européenne au cas où le Burundi refuse de se plier aux exigences de l’accord. A ce jour, l’UE est le principal bailleur du Burundi qui dépend, pour 50% de son budget, de l'aide étrangère. «Au cas où ça se passe mal, la sanction sera la suspension de la coopération», a expliqué un diplomate à l'AFP. Précisant toutefois que seule l'aide aux projets du Gouvernement, et non celle apportée directement à la société civile, serait alors concernée.

Le président burundais Pierre Nkurunziza a 30 jours pour répondre au courrier, et les consultations doivent se dérouler dans les 120 jours suivants.

 Larissa AGBENOU