Gabon: L’emblématique Joseph Rendjambe Issani va prêter désormais son nom à l’aéroport de Port-Gentil

Afriquinfos Editeur
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Des manifestants défilent dans les rues de Port-Gentil, le 26 mai 1990, en scandant des slogans hostiles au Président gabonais, Omar Bongo (AFP).

L’aéroport de Port-Gentil, la capitale économique du Gabon, qui portait jusqu’à présent le nom du Président déchu Ali Bongo Ondimba renversé en août 2023, va être rebaptisé, ont annoncé ce 21 février les autorités.

Selon le projet de décret publié ce 21 février après son adoption en Conseil des ministres, l’aéroport « sera désormais officiellement désigné sous le nom ‘d’Aéroport International Joseph Rendjambe Issani » en hommage à cet homme politique assassiné en mai 1990 dans des circonstances non élucidées, à l’époque où Omar Bongo, le père d’Ali, était au pouvoir.

Le Président gabonais Omar Bongo, sa femme Joséphine N. et leur fils Ali, au centre, le 17 janvier 1983 à l’aéroport de Libreville.

Philosophe et économiste, Joseph Rendjambe Issani fut le premier Secrétaire général du PGP (Parti Gabonais du Progrès), très actif pour la reconnaissance du multipartisme. Il avait 53 ans quand son corps a été retrouvé dans une chambre d’hôtel de Libreville avec des traces d’injection létale, selon la presse locale.  

Depuis le putsch du 30 août 2023 qui l’a renversé en l’accusant d’avoir truqué les élections, Ali Bongo, 66 ans, vit dans sa résidence privée de Libreville sécurisée par des militaires, « libre de quitter le pays » selon le Gouvernement, ’empêché de partir’, selon ses avocats. Celui qui a publiquement annoncé son retrait de la vie politique en septembre 2024 a été remplacé fin janvier 2025 par un ancien ministre à la tête du PDG (Parti démocratique gabonais, fondé par son père).

L’ancienne Première Dame, Sylvia Bongo, 61 ans, et Noureddin, son fils de 32 ans, sont détenus à la prison centrale de Libreville, pour « blanchiment de capitaux, recel, faux et usage de faux », « corruption » et « détournements de fonds publics ». Leurs avocats ont déposé des plaintes en France pour  « traitement dégradant » et « torture ».

« Tout ce dont on accuse mon épouse est faux, les détournements, les nominations à ma place », a déclaré Ali Bongo dans un récent entretien à Jeune Afrique, en plaidant pour que son épouse et son fils puissent le rejoindre et vivre « dans des conditions plus décentes ». La famille Bongo – le père, Omar, pilier de « la Françafrique » de 1967 à 2009, puis son fils Ali – a dirigé pendant 55 ans le Gabon, pays d’Afrique centrale riche en pétrole, au sein d’une élite accusée par ses opposants de « corruption massive » et de « mauvaise gouvernance ».

Une affiche de campagne déchirée de l’ancien Président gabonais Ali Bongo et de son parti sur un mur de Libreville le 7 septembre 2023.

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