La France en quête du feu vert du Conseil de sécurité pour une mission d’intervention africaine au Mali

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Selon les analystes, le but de cette démarche serait de maintenir l'influence traditionnelle de la France en Afrique de l'Ouest. Il s'agit également pour le nouveau gouvernement français de faire ses preuves par une action d'éclat sur le plan diplomatique.

En mars dernier, une junte militaire s'est emparée du pouvoir au Mali. Depuis fin mars-début avril, trois groupes armés, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), le Mouvement pour l'unicité et le Jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) et les Défenseurs de l'islam (Ansar Dine) ont pris le contrôle du nord du Mali. Depuis, la situation demeure volatile dans ce vaste pays du Sahel.

Le gouvernement malien a demandé officiellement à l'Onu d'autoriser le déploiement d'une force africaine sur son territoire, afin d'aider Bamako à reprendre le nord du pays aux groupes rebelles et aux islamistes radicaux.

Fin septembre à New York, lors d'une conférence ministérielle de l'Onu sur le Sahel, le président français François Hollande a appelé le Conseil de sécurité à se réunir le plus tôt possible pour examiner la demande malienne. Vendredi dernier à La Valette, il a en outre garanti que le projet de résolution proposé par la France sur une intervention militaire au Mali "ne rencontrerait aucun obstacle" au Conseil de séurité.

Le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a affirmé, le 27 septembre, que la France ne pouvait pas laisser s'installer un "foyer de terrorisme islamiste" au Mali, mais qu' elle ne pouvait pas pour autant se permettre de lancer elle-même une intervention militaire dans le pays.

Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a pour sa part indiqué que la France était prête à apporter un soutien "logistique" à une intervention militaire africaine au Mali.

Le Quai d'Orsay a annoncé que la France avait proposé le 4 septembre à ses partenaires du Conseil de sécurité un projet de résolution sur le Mali. Cette résolution rappelle la nécessité de trouver une solution politique à la crise malienne, solution qui passerait en particulier par l'établissement d'un véritable dialogue entre les autorités maliennes et les groupes rebelles non terroristes du Nord Mali. Cette résolution devrait appeller les Etats et les organisations concernés, dont l'UE, à aider le gouvernement malien à procéder à une réforme de ses forces armées.

Selon les médias, le projet de résolution français semble soutenu par plusieurs pays occidentaux, dont les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Le secrétaire d'Etat adjoint américain Johnnie Carson, en charge des Affaires africaines, a indiqué le 2 octobre qu'une action militaire serait nécessaire pour déloger les islamistes radicaux du nord du Mali.

Le Mali doit établir un "gouvernement fort et crédible" pour que son armée soit capable de libérer le nord du pays, a ajouté le diplomate américain. "Toute action militaire dans ce pays doit cependant être soigneusement pensée, planifiée, organisée, et financée ", a-t-il souligné.

La Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) attend de son côté le feu vert de l'Onu pour envoyer un contingent de 3 000 hommes au Mali.

Ces dernières années, plusieurs groupes islamistes radicaux, notamment Aqmi, ont multiplié les attaques contre les intérêts occidentaux au Sahel. Plusieurs ressortissants occidentaux ont été pris en otages par ces groupes, qui ont exigé des rançons importantes, et parfois tué des otages, dont des Français.

Selon les médias français, la France aurait même envoyé des unités spéciales au Sahel pour libérer les otages, sans grand succès cependant, malgré une coopération militaire renforcée avec les forces armées des pays du Sahel.

Néanmoins, un certain nombre de pays africains se sont déclarés opposés à l' usage de la force par leurs anciens colonisateurs sur le continent, soulignant que c'était aux Africains de règler leurs propres problèmes. Plusieurs capitales africaines ont notamment rappelé le refus des pays occidentaux d'accepter la médiation de l'Union africaine dans la crise libyenne.

On ne sait pas encore pour le moment si le Conseil de sécurité donnera son feu vert à une intervention militaire. L'ambassadeur du Guatemala Gert Rosenthal, qui assume ce mois-ci la présidence tournante du Conseil de sécurité, a indiqué le 2 octobre qu'il faudrait du temps au Conseil pour adopter une résolution soutenant une intervention militaire, comme le demandent Bamako et la CEDEAO.