Huit mois après son arrêt cardio-respiratoire, l’Algérien né en France, Nabil Bentaleb, a reçu le feu vert de la FFF (Fédération française de football) pour faire son retour en compétition avec Lille avec un défibrillateur, une première en France et « une délivrance » pour le joueur, selon ses propres mots.
« Il a fallu un temps d’adaptation pour s’habituer à un défibrillateur sous cutané mais ce n’est pas du tout contraignant », rassure Nabil Bentaleb en conférence de presse. Ce retour marque la fin d’un long processus pour le milieu défensif originaire de Wazemmes, un quartier populaire de Lille, où il s’était effondré le 18 juin 2024, alors qu’il disputait un cinq contre cinq avec son frère et des amis. Plongé dans un coma artificiel, Nabil Bentaleb s’était réveillé deux jours plus tard, le 20 juin, au CHU de Lille sans « vraiment de souvenirs » de sa journée.

S’est ensuivi « un mois et demi de repos », le temps de réfléchir à la suite de sa carrière. « Bien sûr, j’ai dû consulter ma famille, parce que je l’embarquais en prenant une décision », raconte le Nordiste.
– Une discussion avec Christian Eriksen –
L’un des tournants a été une conversation avec le footballeur danois Christian Eriksen, qui vit et joue à Manchester United avec un défibrillateur depuis un malaise similaire le 12 juin 2021, lors de l’Euro, en Angleterre: « J’ai eu la possibilité de parler avec lui quand j’étais à l’hôpital, il m’a énormément aidé parce que j’étais dans le flou ». Accompagné par le LOSC, Nabil Bentaleb s’est entouré d’un groupe d’experts composé d’un cardiologue néerlandais, le même que celui qui avait accompagné Christian Eriksen, mais aussi « de cardiologues belges, suisses et français », précise le président du club Olivier Létang.
Ce dernier évoque « cinq étapes » à valider, « à chaque fois de quatre à six semaines » entre Amsterdam et la France. « S’il y avait la moindre alerte, on arrêtait tout de suite », précise le dirigeant lillois. Le tout jusqu’à l’avis favorable rendu par la Commission médicale de la FFF dans la soirée du 12 février 2025. Une donne qui crée un précédent en France où aucun autre joueur professionnel n’a pu jouer avec un dispositif médical. Même si cela n’est pas formellement interdit.
« On ne se réjouit pas qu’un joueur ait un problème cardiaque, mais s’il peut jouer avec un défibrillateur, pourquoi pas, explique Emmanuel Orhant, Directeur médical de la FFF (Fédération française de football). Il est le premier en France, mais ce genre de décision ne doit pas être prise à la légère. Au-delà de son cas (…), dans l’absolu, on peut vivre avec un défibrillateur et de nombreuses personnes pratiquent un sport avec ».
Si le joueur né à Lille n’a pas loupé grand-chose de la très belle première partie de saison des Dogues, notamment en Ligue des Champions (septième de la première phase), il s’est « découvert une nouvelle personnalité, de nouvelles ressources ». « Moi qui pensais être fort mentalement, j’ai découvert une autre forme de force mentale », assure-t-il.
– « Physiquement, il est prêt » –
Car l’ancien joueur de Tottenham avoue avoir traversé des phases de doute et de crainte: « Il y a eu des moments où je pensais que c’était fini ». L’international algérien n’a plus joué en compétition officielle depuis le 10 juin 2024, lors d’un match de qualification pour la Coupe du monde 2026 contre l’Ouganda. « Bien sûr, il y a des repères à retrouver parce que ça fait un petit moment qu’il n’a pas joué, mais physiquement, il est prêt », assure son entraîneur Bruno Genesio, qui l’a accueilli ce 13 février 2025 pour son retour à l’entraînement avec le groupe professionnel.
« Je pense que je connais par cœur la forêt de Luchin (le Centre d’entraînement du Losc, NDLR) », plaisante le milieu défensif, en référence aux nombreuses séances de cardio qu’il a effectuées pendant sa convalescence. Bruno Genesio n’a pas révélé s’il ferait partie du groupe qui va défier Rennes dimanche 16 février (20h45) lors de la 22e journée de Ligue 1, mais il va récupérer pour la deuxième partie de la saison. Une arme supplémentaire dans l’entrejeu. Celle qui avait guidé le LOSC à la quatrième place du Championnat la saison dernière.
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