C’est ce qu’on peut retenir du rapport annuel du FMI publié ce mardi 27 septembre 2015. Dans ce rapport consacré aux perspectives régionales, l’institution financière recense les déficits financiers de la région tout en proposant une série de solutions. «Si le climat des affaires et l’environnement macroéconomique se sont améliorés considérablement au cours des 10 dernières années, d’autres facteurs à l’origine de la croissance vigoureuse, en particulier le niveau élevé des prix des produits de base et les conditions de financement favorables, sont devenus moins propices», introduit le rapport intitulé «Faire face à un environnement qui se dégrade».
Dans le document, l’institution financièreattribue le ralentissement de l'activité à la conjonction d'une forte baisse des cours des produits de base et de conditions financières moins favorables.
«Les prix de nombreux produits de base exportés par la région sont tombés d’environ 40-60% au cours des deux dernières années, et les coûts de l’emprunt ont augmenté sur fond de réévaluation du risque mondial en prévision d’un relèvement des taux d’intérêt américains. En outre, certains pays sont confrontés à une hausse de leurs déficits extérieur et budgétaire», rappelle le FMI. Toutefois, ce tableau sombre est légèrement éclairé par une étincelle d’optimisme, à en croire le FMI qui précise que malgré la situation globale difficile, il existe des variations considérables au sein de la région.
«Dans la plupart des pays à faible revenu, la croissance résiste bien de manière générale, portée par l’investissement dans les infrastructures et la consommation privée. Des pays tels que la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie et la Tanzanie devraient enregistrer une croissance de 7% ou plus cette année et l’an prochain», note l’institution internationale.
Cependant, d’autres pays à faible revenu souffrent de la baisse des prix des produits de base, même si le recul du prix du pétrole allège leurs factures d’importations énergétiques.
«Les pays les plus touchés sont les pays exportateurs de pétrole, car la baisse des prix du pétrole a réduit considérablement leurs recettes d’exportation et les a obligés à procéder à un ajustement budgétaire vigoureux. Les pays producteurs de pétrole représentent environ la moitié du PIB régional et incluent les plus gros producteurs, Nigeria et l’Angola. Plusieurs pays à revenu intermédiaire, parmi lesquels le Ghana, l’Afrique du Sud et la Zambie, sont aussi confrontés à des conditions défavorables, telles que la mollesse des prix des produits de base, des conditions de financement difficiles et des pénuries d’électricité», précise le FMI.
D’un autre côté, le rapport révèle que «l’épargne a été modeste pendant la période récente de croissance vigoureuse, si bien que la marge de manœuvre est limitée pour contrer le freinage de l’activité régionale ou lisser l’ajustement aux chocs récents. Dans beaucoup de pays, les soldes budgétaires et extérieurs sont aujourd’hui plus faibles qu’au début de la crise financière mondiale en 2008».
Le FMI explique que cette situation est due dans de nombreux cas, aux efforts déployés par ces pays pour satisfaire les besoins d’infrastructure considérables, qui se retrouvent avec moins de ressources pour contenir les effets du ralentissement actuel.
Série de mesures
Au regard de cette situation, le FMI n’a pas manqué de proposer des solutions. «Face à cet environnement, il est d'autant plus important de diversifier les moteurs de la croissance économique en réduisant la part relative des industries extractives», préconise le rapport.
Sur le front monétaire, pour les pays dont les termes de l’échange se sont détériorés sensiblement et dont la monnaie n’est pas rattachée à une autre, le rapport recommande de laisser la monnaie se déprécier pour absorber partiellement le choc.
Pour favoriser l'émergence de nouvelles sources de croissance économique et créer suffisamment d'emplois pour la population jeune croissante de la région, le FMI stipule que les politiques publiques doivent être axées sur le renforcement de la compétitivité, par l'amélioration du climat des affaires, des infrastructures et de l'éducation.
«Il sera aussi essentiel de consolider les progrès accomplis récemment et de continuer à renforcer la mobilisation des recettes intérieures afin de dégager les ressources additionnelles indispensables pour financer l'investissement dans l'avenir de la région. Enfin, la réduction des inégalités, au moyen d'initiatives budgétaires et financières bien conçues ainsi que par la suppression des restrictions légales fondées sur le sexe, pourrait produire des dividendes de croissance», écrit l’institution.
«Des politiques budgétaires et financières bien conçues et l’élimination des restrictions juridiques fondées sur le sexe pourraient aussi réduire les inégalités et accélérer la croissance à long terme dans la région», conseille le FMI.
Larissa AGBENOU