Fête du Trône : Mohammed VI, un roi humaniste proche du peuple marocain

Afriquinfos Editeur
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Dès le début de son discours, le Roi Mohammed VI en a inscrit la tonalité : en cette Fête du Trône 2014 son objectif n’est pas de faire un bilan chiffré et quantitatif ; au contraire, il veut mesurer l’impact direct et qualitatif de ses réalisations sur les conditions de vie des marocains. Dès les premiers mots de son discours, Mohammed VI s’est posé en roi humaniste, pensant avant tout à son peuple.

Hier, dans l’objectif d’amener son pays vers un progrès toujours plus grand, et d’œuvrer au bonheur des marocains, le Roi s’est demandé : « est-ce que les réalisations et les manifestations de progrès que nous observons ont eu l’impact direct escompté sur les conditions de vie des Marocains ? Est-ce que le citoyen marocain, quelle que soit sa situation matérielle ou sociale, et où qu’il se trouve, dans le village et dans la ville, sent une amélioration concrète dans son vécu quotidien, grâce à ces chantiers et à ces réformes ? ». En répondant à ces questions, Mohammed VI s’est personnellement impliqué, délaissant parfois le « nous » de l’appareil étatique marocain pour un « je » plus personnel, qui lui a permis de souligner ses convictions et de se rapprocher du peuple marocain.

– Les progrès accomplis depuis 1999 –

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Avant de mentionner ses objectifs pour le futur, et de réaffirmer ses engagements, Mohammed VI a fait un bilan des progrès accomplis depuis 1999. Ce moment de bilan constitue selon le Roi une « pause nationale », un « moment d’introspection » qui permet en revenant sur le passé d’aller de l’avant.

La Constitution de 2011 occupe une place centrale dans le bilan des quinze premières années de règne de Mohammed VI. Tout comme les observateurs extérieurs et les politiciens, le Roi est conscient des avancées qu’elle a engendrées pour le Maroc. Cette Constitution a constitué un grand pas vers l’avant pour le Maroc, en termes de démocratie, de respect des droits de l’homme et de promotion des libertés. Malgré tout, le Roi insiste sur le fait qu’ « il n’en reste pas moins que l’impact concret de ces réformes et bien d’autres est subordonné à leur concrétisation et à la mobilisation d’élites qualifiées pour en assurer la mise en œuvre ».

En parallèle de cet important progrès politique, le Roi explique que l’économie n’a pas été laissée de côté. Les infrastructures au Maroc se sont modernisées ce qui a eu des impacts positifs sur l’économie du Royaume. Ainsi, en quinze ans, il s’est doté du plus grand port du bassin méditerranéen, du plus grand parc d’énergie solaire au monde mais aussi d’infrastructures locales comme les autoroutes Agadir-Tanger ou encore El Jadida-Oujda.

– Un Roi humaniste –

Une fois ce bilan économique et politique effectué, le Roi est revenu à sa principale préoccupation : le peuple marocain. Il a insisté sur le fait que les avancées politiques et économiques ne se sont pas faites au détriment du développement humain, un élément qu’il a placé au centre de son discours hier lors de la Fête du Trône. Mohammed VI a tenu à souligner l’importance du développement humain, en montrant la pertinence de cet élément du progrès et comment, au fil des années, il a été pris en compte par plusieurs organismes internationaux (Banque Mondiale notamment). Le Roi a expliqué que désormais, l’évaluation de la richesse d’un pays ne se fait pas qu’en fonction du PIB. D’autres critères comme le développement humain et le patrimoine immatériel (culture, histoire) sont aussi pris en compte. Ainsi, en prenant en compte l’ensemble de ces richesses, le Maroc est parmi les pays au sommet du classement africain établis par la Banque Mondiale. Une position dont le Roi se félicite.

Toutefois, Sa Majesté garde les pieds sur terre et reste réaliste : « Mais en prenant connaissance des chiffres et des statistiques qui figurent dans lesdites études et qui mettent en évidence l’évolution de la richesse du Maroc, je M’interroge, avec les Marocains, non sans étonnement : Où est cette richesse ? Est-ce que tous les Marocains en ont profité, ou seulement quelques catégories ? La réponse à ces interrogations n’exige pas d’analyses approfondies. Et si le Maroc a connu des avancées tangibles, la réalité confirme que cette richesse ne profite pas à tous les citoyens. En effet, Je relève, lors de Mes tournées d’information, certaines manifestations de pauvreté et de précarité, comme Je note l’ampleur des disparités sociales entre les Marocains. »

Pour répondre à ce constat, le Roi a pris une mesure concrète : le Conseil économique, social et environnemental, en collaboration avec Bank Al Maghrib et les institutions nationales concernées, et en coordination avec les institutions internationales spécialisées va entreprendre une étude sur l’évolution de la valeur globale du Maroc entre 1999 et 2013. Grâce à cette étude, le Roi entend intégrer le capital immatériel du Maroc parmi les éléments à prendre un compte lors de l’élaboration d’une politique publique.

– Le Commandeur des croyants –

Humaniste, le Roi l’est depuis son arrivée sur le trône il y a quinze ans. De la même façon, il est le Commandeur des croyants et prend ce rôle très au sérieux. C’est donc tout naturellement qu’il y a consacré une partie de son discours, en rappelant à ses auditeurs qu’il tient à garantir la « sécurité spirituelle » des marocains et « consolider le modèle marocain en matière de la chose religieuse ». Une des priorités à l’heure actuelle, à en croire le discours du Roi, est de lutter contre le repli sur soi et l’extrémisme. Pour ce faire, Mohammed VI rappelle la nécessité de lutter contre l’instrumentalisation des mosquées, et l’importance d’une formation des imams « scientifique et religieuse éclairée ».

– Le Maroc comme puissance diplomatique –

Après le social et la religion, le Roi a abordé la place du Maroc à l’international. Pour cela, il a commencé par rappeler la logique qui est la sienne en ce domaine : « Dans le cadre de la complémentarité et de la cohérence entre les politiques intérieure et extérieure de notre pays, Nous nous attachons à exploiter au mieux l’évolution de notre modèle de démocratie et de développement pour conforter l’image et la place du Maroc sur la scène internationale et défendre les intérêts supérieurs et les causes justes de notre pays. ».

Prenant pour exemple l’Union Européenne, qui a su dépasser ses conflits pour devenir un bloc uni où les frontières ont disparu, Mohammed VI a réaffirmé sa volonté d’unifier le Maghreb et la nécessité de lever les barrières frontalières qui séparent les différents peuples de la région. Il a appelé que ses barrières sont souvent incomprises par bien des personnes, soulignant ainsi l’importance de leur levée. Pour cela, le Roi a à cœur « de faire des relations bilatérales le pilier de la construction de l’Union maghrébine ». Toujours dans ce domaine, il a salué la Tunisie, qui lui a réservé un accueil très chaleureux lors de sa dernière visite.

Par ailleurs, le Roi a rappelé son inquiétude face à la situation dans le monde arabe, et notamment en Syrie et en Irak. Il estime qu’il y a là « un bourbier et un terreau fertile pour les forces d’extrémisme et de terrorisme les plus violentes et les plus menaçantes pour la sécurité de nos pays, voire pour la sécurité et la stabilité dans le monde ». Selon le Roi, aujourd’hui le monde a besoin d’un monde arabe uni.

Ensuite, Mohammed VI a réitéré le soutien du Maroc envers la Palestine, rappelant que la paix dans cette région reste une priorité pour le Maroc.

Enfin, Sa Majesté a affirmé sa confiance dans le continent africain : « Nous sommes profondément convaincus que l’Afrique est apte à réaliser son essor. ». Le Roi a rappelé les conditions de cet essor, qui selon lui se base sur les « enfants » de l’Afrique et ses « ressources propres ». Toutefois, le Roi ne néglige pas l’importance du multilatéralisme et de relations équitables avec « le Nord ».

– L’épineuse question du Sahara –

Il était impossible pour Mohammed VI de parler de la place du Maroc dans le monde sans aborder la délicate question du Sahara car, « La question du Sahara, comme Je l’ai réaffirmé plus d’une fois, est la Cause de tous les Marocains. C’est une responsabilité qui nous engage tous. » Sa Majesté a réitéré l’engagement du Maroc d’accorder une autonomie à ses provinces du Sud, mais il a rappelé que ceci ne se fera pas au détriment de leur modernisation.

Retrouvez l’intégralité du discours ici.

Retrouvez le bilan des quinze premières années de règne de Mohammed VI ici.

Retrouvez le détail des festivités de la Fête du Trône ici.

 

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