Faso: Human Rights Watch exige la libération d’Idrissa Barry enlevé pour dénonciation de massacres présumés à Solenzo

Afriquinfos Editeur
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Une rue de Ouagadougou en novembre 2020 au Burkina Faso.

Human Rights Watch a demandé aux autorités burkinabè de libérer « immédiatement » le journaliste et militant politique Idrissa Barry, enlevé mardi 18 mars 2025 près de Ouagadougou, après que son mouvement a dénoncé des massacres de civils attribués à l’Armée burkinabè et ses supplétifs dans l’ouest du pays.

Idrissa Barry, secrétaire national du mouvement politique SENS (Servir et Non Se Servir), a été enlevé « alors qu’il était en audience avec le président de la délégation spéciale à la Mairie de Saaba », une commune située près de Ouagadougou, avait alerté mardi 18 mars son organisation. « Les autorités devraient immédiatement révéler où se trouve (Idrissa) Barry et le libérer », a appelé Ilaria Allegrozzi, chercheuse spécialiste du Sahel à HRW, dans un communiqué transmis jeudi 20 mars à l’AFP.

Human Rights Watch demande aux autorités burkinabè de libérer le journaliste et militant politique Idrissa Barry, enlevé mardi 18 mars près de Ouagadougou, après que son mouvement a dénoncé des massacres de civils attribués à l’Armée burkinabè et ses supplétifs dans l’ouest du pays.

L’arrestation par le Gouvernement d’une personne sans dire où elle se trouve constitue une disparition forcée‘, a-t-elle ajouté. M. Barry a été enlevé quatre jours après que son mouvement a dénoncé des « vidéos insoutenables » de massacres de civils peuls à Solenzo les 10 et 11 mars, dans l’ouest du Burkina Faso, attribués à l’Armée burkinabè et ses supplétifs civils, sous le couvert de la lutte anti-jihadiste. HRW avait déclaré avoir dénombré au moins 58 corps, et a appelé le régime burkinabè à ‘enquêter et poursuivre‘ les responsables de ces massacres.

Les autorités burkinabé ont de leur côté nié toute accusation de massacre. Le Burkina Faso est dirigé depuis septembre 2022 par une Transition militaire à la suite d’un coup d’Etat, avec à sa tête le capitaine Ibrahim Traoré qui a promis de rétablir la sécurité. Le pays est confronté depuis 2015 à de nombreuses attaques de groupes armés jihadistes, sur la majeure partie de son territoire. Depuis le putsch de septembre 2022, de nombreux cas d’enlèvements de voix considérées comme hostiles au régime militaire ont été rapportés à Ouagadougou et dans d’autres localités du pays.

Plusieurs activistes et défenseurs des droits humains ont été réquisitionnés par l’Armée pour aller combattre au front, grâce à un décret pris par la junte. Selon HRW, « il y a de sérieuses inquiétudes de voir (Idrissa) Barry être contraint de servir » au sein des VDP (Volontaires pour la défense de la patrie), les supplétifs civils de l’Armée burkinabè. Le coordinateur national de SENS, l’avocat Guy Hervé Kam, a été victime en 2024 de deux enlèvements, avant d’être inculpé et placé sous contrôle judiciaire pour « complot« .

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