Face à un manque croissant de prêtres, l’Église catholique américaine recrute en Afrique

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Alabama (© 2021 Afriquinfos)-Pour faire face à la pénurie de vocations, les églises américaines font de plus en plus appel à des religieux venus d’Afrique, selon une information publiée sur le site de VOA Afrique. « Nous vivons actuellement une pénurie de prêtres. Et parfois, pour un ministère particulier, nous en invitons parfois à venir se joindre au ministère qui est disponible à un moment particulier. Et donc ils nous ont été d’une grande aide », explique l’évêque Steve Raica, du diocèse de Birmingham.

En Alabama, au sud des Etats-Unis, en plein cœur de l’Amérique rural, c’est là que vit le révérend Athanasius Abanulo. Originaire du Nigeria, il s’est installé ici il y a quelques années et sert dans deux églises de la petite ville de Birmingham, tant bien même que ce soit difficile pour ses pairs et lui de s’adapter.

« Venant d’Afrique, nous avons un style de vie différent. Il faut le rappeler aux prêtres venant de l’extérieur, ils viennent vers le peuple, pour servir le peuple qui a déjà sa culture, cela prend du temps », explique le révérend Athanasius Abanulo.

Son dimanche typique commence par une messe en anglais à la Holy Family Catholic Church de Lanett, à environ 200 kilomètres de Birmingham, le long de la frontière entre l’Alabama et la Géorgie. Ensuite, il est conduit à une heure au nord de Wedowee, où il célèbre une messe en anglais et une autre en espagnol.

Pour Amber Moosman, une paroissienne de Holy Family depuis 1988, le style de prédication du père Abanulo est très différent de celui des prêtres qu’elle a vus auparavant. « Il n’y avait pas de prêtre qui chantait tout d’un coup, rien de tout cela… C’était très calme, très cérémonieux, très strict », dit-elle. « C’est très différent maintenant ».

Abanulo a été ordonné au Nigeria en 1990 et est arrivé aux États-Unis en 2003 après un séjour au Tchad. Son premier poste aux États-Unis a été dans le diocèse d’Oakland, en Californie, où son ministère s’est concentré sur la communauté catholique nigériane en pleine expansion. Depuis, il a été aumônier d’hôpital et pasteur à Nashville, dans le Tennessee, et aumônier à l’université d’Alabama.

Malgré les difficultés, les prêtres africains apportent, grâce à leur culture et leur expérience, un petit plus aux fidèles sur le plan spirituel.

« Il apporte une grande partie de sa culture en expliquant les Écritures, et en les reliant en quelque sorte à la façon dont il a grandi et cela montre à quel point les choses sont différentes ici. Et cela nous donne une perspective que nous n’aurions peut-être pas eue », explique Alison Cerovsky, une paroissienne.

Chocs culturels intenses

Ce genre de recrutement n’est pas nouveau. En effet, les Etats-Unis ont toujours fait venir des prêtres étrangers. Dès leur arrivée, ils sont sensibilisés aux différences culturelles, comme éviter par exemple tout contact physique comme enlacer les fidèles.

Au cours de leur intégration dans la vie américaine, il est courant que les membres du clergé nouvellement arrivés soient confrontés à des chocs culturels.

Pour sœur Christiana Onyewuche, originaire du Nigeria, aumônier d’hôpital à Boston où elle administrait les derniers sacrements aux mourants, le plus grand choc, c’était la crémation. Elle se souvient avoir pensé : « Vraiment ? … Comment peuvent-ils brûler quelqu’un ? Je ne peux même pas l’imaginer ».

Arrivée aux États-Unis il y a 18 ans, elle était auparavant présidente de l’African Conference of Catholic Clergy and Religious, un groupe de soutien pour les missionnaires africains en poste aux États-Unis.

Dure d’évaluer le nombre, mais selon une association catholique américaine, il y aurait actuellement aux Etats-Unis environ 1000 prêtres provenant d’Afrique. Ils étaient 300 en 2013.

V.A.